Lundi 24 mai 2010

Le Cimetière Tamashouët



En poussant l’immense porte du Cimetière, je sais quel spectacle navrant m’attend.
Cette année, je ne suis pas venu chercher une sépulture, un caveau ou une inscription sur une pierre tombale. Je suis venu simplement pour saluer la mémoire de ceux qui sont restés là, après nous, dans cette terre d’Algérie qu’ils ont aimée.
Je suis au niveau du « Caveau Provisoire » qui est désormais le « Caveau Définitif » de la moitié du Cimetière, entouré de sept ossuaires blancs, en béton, anonymes, pour sceller l’oubli.

Beaucoup d’entre vous avez été les bâtisseurs de ce pays que vous avez chéri… Personne ne vient plus vous rendre visite et cette dernière demeure, battue par les vents, brûlée par le soleil vous protège de l’agression du dehors.
Car si vous reposez dans ce lieu d’abandon, sachez qu’au-delà des murs qui vous entourent, la désolation est aussi grande.
Peut-être témoins gênants d’un passé qu’il s’agit d’effacer, vous avez fait l’objet d’ « une Liquidation Totale », où tout doit disparaître.
Vous n’êtes plus rien, et surtout vous n’existez plus. Avez-vous seulement existé ?
Votre Algérie n’est plus, et les engins mécaniques vont s’employer à faire la preuve qu’elle n’a jamais existé.
En lisant vos épitaphes, on se serait souvenu que vous aviez 20 ans en 14-18, on aurait pu lire que vous aviez 20 ans en 39-45, on aurait pleuré sur vos 20 ans en 1960...
En lisant vos épitaphes, on se serait souvenu que vous veniez d’Italie, d’Espagne, d’Allemagne, d’ Alsace ou d’ailleurs… et que vous avez bâti ce pays
En lisant vos épitaphes, on se serait souvenu …


Un arrêt prolongé aux « Condoléances » pour dire au-revoir.










































Le 7ème ossuaire vient d'être achevé


















Le caveau de la Famille Maraval Berthoin
Fondatrice du quartier de Maraval





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Le cimetière israélite