Dimanche 23 mai 2010



Il est très tôt, ce matin je pars à la recherche de la Porte du Caravansérail qui devrait se trouver quelque part dans la promenade de Létang.
Personne sur la Place d’Armes, quelques voitures remontent la Rampe Valès. Les grilles de la promenade sont grandes ouvertes, vu leur état, je pense qu’on ne doit jamais les fermer.
L’horloge du port indique 6 heures 20, je gravis les différents niveaux, toujours mon appareil photos à la main.
D’une allée à l’autre, je cherche cette fameuse porte sans succès. Je me suis retrouvé presque à la sortie, devant la stèle qui supportait le Monument aux Marins. Le monument n’existe plus.
J’ai traversé ce jardin sans trouver la fameuse porte. Un peu déçu, je reviens sur mes pas, quelques photos et j’arrive devant le petit kiosque de l’entrée.
Là je m’aperçois que je ne suis jamais allé à la limite Est qui offre un très beau point de vue sur le port.
Stupéfaction, la Porte du Caravansérail gît là, en ruines, au milieu des herbes folles.
Plus tard j’apprendrai que ce sont les intempéries de 2001 qui l’ont abattue. Donc depuis neuf ans ce tas de décombres est là, aucune pierre n’est inventoriée, aucun numéro d’identification… Dans l’éventualité où on envisagerait de la remonter, je souhaite bien du plaisir à l’équipe qui en aura la charge…
Finalement, je suis encore plus déçu de l’avoir trouvée.
Je quitte les lieux, j’ai rendez-vous à l’Institut Cervantès à Boulanger.

Par un itinéraire bien connu désormais (boulevard de Mascara, Avenue de la République) j’arrive à l’entrée Sud du jardin Public, face à la Gare Hammam Bou Hadjar. A droite, je m’engage Avenue Albert 1er, je sais que l’Institut est mitoyen de l’Ecole Magnan. Je suis remonté un peu trop loin, je prends la Rue Général Nivelle, un croisement, la Rue Sergent Blandan à droite, et celle qui descend est la Rue Léonie, celle que je cherche.
Voilà l’école Magnan, juste à coté un immeuble sur lequel flotte un drapeau espagnol, c’est l’Institut Cervantès.
Institution culturelle espagnole créée en 1990, dépendant du Ministère des Affaires étrangères espagnol sous la présidence d’honneur de Sa Majesté le Roi Juan Carlos 1er, le président exécutif étant le Chef du Gouvernement, José Luis Zapatero.
L’institut Cervantès est présent sur les cinq continents et a pour vocation de diffuser et d’enseigner la culture espagnole et hispano-américaine. Son siège est à Madrid (lieu de naissance de Cervantès). Compte-tenu du passé de la ville d’Oran, qui fut pendant plusieurs siècles Presidio espagnol, l’Institut se devait d’être présent ici. Beaucoup de jeunes oranais y suivent des cours d’ espagnol .
Une jeune fille, documentaliste, avec qui j’avais échangé plusieurs mails alors qu’elle était chargée de correspondance à l’Association Bel Horizon, me fait l’honneur des lieux.
Une immense bibliothèque-salle de lecture au premier étage, quelques jeunes gens et jeunes filles plongés dans des ouvrages me saluent.
Le Directeur de l’Institut, monsieur Javier Galvan, me reçoit dans son bureau et je me fais expliquer en long et en large le but de cette institution.
En fait, au-delà des cours de langues, le soutien des étudiants, les recherches sur l’architecture urbaine de la ville et nombreuses autres missions, l’institut a également vocation à la réhabilitation du centre historique d’Oran. Vaste programme lorsqu’on se promène dans ce « centre historique » qu’est Sidi Houari !
Monsieur Galvan est chargé de l’assistance technique espagnole pour la préservation du Vieil Oran, des bâtiments et immeubles qui constituent le patrimoine historique. Cette ambition culturelle est soutenue et financée par un programme de coopération algéro-espagnole.
Ces dispositions juridiques ont coûté très cher au royaume espagnol puisque leur adoption est intervenue après la malheureuse démolition dans les années soixante de nombreux bâtiments et monument historiques.
Notre entretien va se poursuivre au-delà de midi. J’acquiers quelques ouvrages documentaires et il m’invite à visionner les DVD sur les conférences et les actions déjà entreprises dont dispose l’Institut. On me fournit un petit sachet contenant des écouteurs et, confortablement installé devant un ordinateur, je « regarde surtout les images », les commentaires sont tous en espagnol et le mien n’est que scolaire. Quelques jeunes gens et jeunes filles, algériens, sont également devant des PC, leur casque vissé sur leur tête. Je surprends leurs conversations … en espagnol !
14heures, il est temps de prendre congé.
Je reviens Avenue Albert 1er, il fait très chaud, je m’étais habitué à la climatisation. Heureusement, le troisième taxi « libre » daigne s’arrêter. Je précise « libre » car à Oran les transports sont « en commun ». Le covoiturage est la règle à Oran, et trois ou quatre clients pour des destinations différentes partagent souvent le même véhicule. Je vous rassure quand même, si vous ne souhaitez pas partager votre course, il suffit de le préciser au taxieur qui masquera le signal lumineux sur le toit. Autre détail, le prix de la course en ville ou vers la corniche doit être fixé au départ.
Je suis de retour à l’hôtel, il est presque 15 heures, il est temps d’aller manger un morceau. Même mon déjeuner sera aujourd’hui à l’heure espagnole.
Je traine en ville, d’ une rue à l’autre, le centre m’est devenu familier, je fais quelques boutiques rue Alsace Lorraine et rue d’Arzew, j’ai rendez-vous à 17h30 devant la maison du Colon avec W. que je n’ai pas revue depuis l’année dernière.
Elle est à l’heure, nous nous promenons en ville, et même si elle porte son foulard islamique sur une tenue très européenne, je crains un peu, pour elle, le regard des autres. Elle n’en est point affectée et, à ma remarque, elle répond un « Je m’en tape » qui me surprend. Ce sera notre mot de ralliement.
Oussama nous rejoints rue d’Arzew, un thé à la menthe au premier étage d’une cafétéria, puis il est déjà 19h30, elle doit rentrer à la Sénia où elle habite.
Je reste avec Oussama, son frère est arrivé, direction Choupot chez Oscar, « la » pizzeria de l’Avenue.
23 heures, la soirée se termine, ils me reconduisent Boulevard du 2ème Zouaves, je vais préparer ma journée de demain…























Le Caravansérail

En 1843, le génie militaire français décide de créer un caravansérail pour servir d'hôtel aux caravanes, dans le but de les attirer pour assurer l'alimentation de la ville en grain et en viande.
Sur le fronton de la porte, en caractères arabes, on pouvait lire :"Ceci est la porte d'entrée du Fondouk".
Le Fondouk était situé boulevard du 2ème Zouaves (Bd Hammou Boutlélis), mais la façade principale était située dans la rue perpendiculaire, rue du Cirque (rue Ettabari) et comportait deux portes entre deux colonnes octogonales. L'endroit exact serait, d'après la photo, en face de l'impasse Riga, et de ce qui fût l'Ecole Montaigne.
Dans la rubrique "Portes et Forts", vous pourrez lire ce qu'il serait advenu de la 2ème porte.
En 1849, le caravansérail devint l'hôpital civil Saint Lazare, alors que le choléra sévissait à Oran.
En 1883, cet hôpital fût complètement abandonné, au profit du nouvel hôpital civil du Plateau Saint Michel.
Peu de temps après il fut ravagé par un incendie, il n'en restera que les fondations et la porte d'entrée.
Aujourd'hui, la carcasse d'un immeuble en construction inachevée a remplacé le caravansérail, le trottoir est un véritable dépotoire où cohabitent sacs poubelles, gravats et détritus en tout genre.
En 1952 la porte est classée monument historique et en 1955, elle est transportée et réédifiée, pierre par pierre, à la promenade de Létang (Promenade Ben Badis) où, en 2009, je l'ai cherchée désespérément.
"Abattue" par la tempête de 2001, elle gise au milieu des mauvaises herbes...






Rue du Cirque, en face du Musée Nessler
qui deviendra l'Ecole Montaigne.
Les immeubles, au fond, existent toujours Bd du 2ème Zouaves.


Déjà, l'année dernière, j'avais cherché cette porte du Caravansérail
Je l'ai enfin trouvée, je vous laisse découvrir son état...


Les restes de la Porte du Caravansérail


Les restes de la Porte du Caravansérail


Les restes de la Porte du Caravansérail


Les restes de la Porte du Caravansérail





















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Lundi 24 Mai