dans nos souvenirs |
Alors, modestement,à travers ces lignes et ces quelques photos, je vais essayer de vous montrer tout ce qu'on y a laissé... Bien sûr, le président égyptien ne faisait pas allusion à ce que nous y avons vraiment laissé, c'est-à-dire une partie de nous-mêmes ...
J’ai acquis une machine à remonter le temps : un ordinateur !
Alors au hasard des sites parlant d’ ORAN, j’ai remonté le temps et les années se sont effacées d’elles-mêmes, 2007, 2006, 2005, ...2000, ...1990,...1980 … et 1963.
J’ai fait, virtuellement mon premier retour à la rencontre d’un garçon de 18 ans qui est resté là-bas en 1963, qui m’a vu partir et qui m’attendait, je le savais…
Moi, je suis « rentré » en France, j’ai grandi, j’ai mûri, j’ai vieilli..
Lui a toujours 18 ans, quarante cinq ans après, il m’attend pour me guider et à chaque halte… je sais qu’il va me dire « te souviens-tu ? »
Le compte à rebours a commencé jusqu’à ce que j’aie 18 ans, ce jour où je le rencontre enfin, ce jour où je le retrouve, ce jour où je me retrouve… aujourd’hui….
Un vent de sud m’a poussé, moi d’Afrique du Nord, plus au nord de notre terre, pour arriver de l’autre côté de cette méditerranée…
Je savais qu’il y avait un autre rivage en face, celui de la France….
De la France ?
Mais ici, ce n’était donc pas la France ?
Triste réalité, ce n’était plus la France. Pourtant c'était écrit là sur la photo !
Et moi, habitant de cette France de part et d’autre, je devais aller habiter dans l’autre moitié, celle d’en face, celle qui se trouvait de l’autre côté. Je devais retourner dans « mon pays »….Mais pourquoi y « retourner » puisque je n’y avais jamais habité ? Et pourtant je n’avais plus rien à faire ici, ma place s’était évaporée un jour de juillet, sous un brûlant été comme ceux que j’avais toujours connus…. Ma place s’était évaporée et s’était transformée. J'allais devenir un "dépatrié".
Quatre décennies (disons même presque cinq) après avoir quitté la ville qui nous a vu vivre sinon naître, avons-nous toujours des souvenirs assez précis pour en parler comme nous en parlions il y a encore quelques années?
Et nos enfants et petits enfants? Que représentent pour eux l'Algérie (d'hier) en général, et ORAN en particulier?
Ces modestes pages ont pour but, autant que faire se peut, de nous rafraîchir la mémoire, et d'avoir une pensée nostalgique pour ORAN !
Oh, je ne voudrais pas que ce soit une nostalgie larmoyante, tant de beaux souvenirs nous rattachent encore à notre pays qu’il serait dommage que la tristesse et les regrets les atténuent.
Comme toutes les grandes agglomérations, Oran avait ses attraits, ses mystères, son passé, et chaque rue, chaque quartier, chaque faubourg, quelque part avait son histoire…
Vous avez la possibilité de « faire revivre votre quartier » dans le chapitre s’y rapportant dans le site, celui-ci étant plutôt une invitation à la promenade au fil des rues.
Pour faciliter la lecture, chaque itinéraire sera fait un jour différent (la marche çà fatigue !!), et je daterai au fur et à mesure que je vous emmènerai dans un quartier.
1er jour :
Nous sommes au centre ville.
Il s’articulait autour de la Place d’armes, un peu la Place de l’Etoile de Paris que je continue à appeler ainsi alors qu'elle porte un autre nom (mais il y a des noms qui n’ont pas droit de cité dans le site). Donc, de notre Place d’armes, nous pouvions aller partout dans Oran (c’était la tête de ligne et le terminus des autobus) :
- vers la Marine ou la corniche, en empruntant la rue Philippe ou la Rampe Valès
- vers le centre ville et les grandes artères par le boulevard Clémenceau ou la rue de l’Hôtel de ville
- vers les casernes ou le Village Nègre par la rue Eugène Etienne et le boulevard Joseph Andrieu
- vers Eckmühl en suivant le Boulevard Joffre et la rue de Tlemcen
- vers le Derb (ou quartier israélite) en prenant la rue de la Révolution
- et enfin vers la Casbah ou le ravin Raz-el-Aïn par la rue des Jardins.
Six branches à notre place de l’Etoile, hasard du destin ou la présence juive à Oran aurait-elle laissé l’étoile de David comme empreinte ?
Je vais vous emmener dans chacune de ces six directions, en essayant de ponctuer les étapes par des photos, pour vous aider à retrouver ces lieux où nous nous sommes peut-être croisés sans nous connaître, où nous nous sommes sûrement arrêtés devant la même vitrine, arrêtés au même feu rouge ou pris le même bus .
Nous sommes Place d'Armes.
Le Monument de Sidi-Brahim (voir rubrique « Les monuments ») est toujours le centre de la place, entouré de jets d’eau, mais les ficus ont disparu et de petits jardins aux tracés géométriques offrent leurs allées aux passants, sous l’œil bienveillant d'Abd el Kader. (car le buste de l'Emir a remplacé la scupture de la France gravant sur le monument la phrase : "Camarades, défendez-vous jusqu'à la mort")
Nous allons emprunter le boulevard Georges Clémenceau (Boulevard Emir Abd el Kader) que les anciens continueront à appeler, jusqu’à leur départ, le boulevard Seguin (des fois avec un accent aigü sur le « e »). Ce boulevard ayant tellement souvent changé de nom, ce sera comme pour les nouveaux francs !!! Heureusement (ou malheureusement), beaucoup d’entre eux n’ont pas connu l’euro, ils ne s’y retrouveraient plus…
Au n° 1 du boulevard, avec une notoriété ravie par celui de Cannes, l’Hôtel Martinez (ex-Continental) menaçant de tomber en ruines, serait en cours de réhabilitation par des entrepreneurs chinois (mondialisation oblige !), et sa brasserie non moins célèbre, « Le Marignan » . Rendez-vous chic et feutré des jeunes gens de bonne famille dont les revenus étaient assurés par papa-maman.
En face,au n° 2, faisant l'angle avec la Place d'armes (Place du 1er novembre 1954), le célèbre magasin de disques, radio et télé "FESTIVAL" où s'arrachaient les derniers succès "métropolitains" (la Star'Ac n'existait pas).
J’ai encore des 45 tours qui viennent des chez Festival (Adamo, Antoine, Les Machucambos, etc…).
Le boulevard nous conduit Place Villebois-Mareuil, mais nous croiserons le boulevard Galliéni (aujourd’hui de la Soumman) dont le Crédit Lyonnais semblait vouloir imposer un péage. Superbe artère, bordée d’immenses palmiers protégés par des immeubles cossus aux façades richement ornées, certains mêmes coiffés de coupoles . C’était la rue des banques évidemment, la B.N.C.I., le Crédit Foncier et la Chambre de Commerce; et aussi et surtout pour beaucoup de jeunes gens oranais, le Boulevard de « leur » lycée, Lamoricière, devenu lycée Pasteur à l’Indépendance et abritant dans son aile droite le Consulat de France..
Ah, j’allais oublier, à l’angle d’en face le Prisunic, l'Ami du Public, (pour les anciens, prononcez Pri-Unic). Qui aurait oublié l’immense surveillant noir, au milieu des allées, dont le regard inquisiteur nous culpabilisait systématiquement quand nous traînions un peu trop longtemps dans un rayon ?
Nous arrivons Place Villebois-Mareuil (aujourd’hui Place Franz Fanon, voir rubrique « édifices »). Faisant l’angle avec la rue d’Alsace Lorraine (rue Khemisti)et la rue de la Paix, la Compagnie Populaire Algérienne et en face le Grand Café Riche (devenu aujourd' hui l'hôtel "Le Timgad"), rival du Marignan à la terrasse toujours bondée. Il sera le premier à ouvrir une discothèque, « Le Whisky à Gogo » auquel on accédait par le boulevard Charlemagne. La réplique ne tardera guère et, boulevard Galliéni, le Coq d'Or ouvrira son sous-sol avec "Le Scotch Club", aux couleurs écossaises.
Un hôtel a remplacé le Grand Café Riche et son nom composé dans la mosaïque du trottoir a été remplacé par celui du Timgad.
La rue d’Alsace-Lorraine, concurrente de la Rue d’Arzew, s’ouvrait avec la Barclay’s Bank.
En s’y engageant, tout de suite à droite, la rue Thiers nous emmène à la Grande Poste d’Oran, sur la Place de la Bastille (aujourd’hui Place du Maghreb).
La Place de la Bastille n’a pas changé, ombragée de palmiers et découpée en petits jardins, elle devenait la Foire aux Livres en septembre. Les Lagarde et Michard (dont j’ai toujours des exemplaires) et autres pouvaient se négocier à bon prix. Si vous arriviez trop tard, il ne vous restait plus que du neuf chez Mahnès ou Laurent Fouque.
Sur la place, le Grand Hôtel et l’église Saint Esprit .....
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je continuerai bientôt ce 1er jour.
2ème jour
Place Foch, face à la Mairie
A droite, la Maison Darmon (fondée en 1878, écroulée en 2007), encadrée par la rue de la Révolution et le boulevard Joffre (ou boulevard National si vous préférez).
Nous prenons donc le boulevard Joffre pour « monter » au sud de la ville. Nous longeons la façade ouest de la mairie, sur le trottoir de gauche et nous traversons la première grande artère, le boulevard Sébastopol (boulevard du docteur Benzerdjeb), qui se prolonge au-delà de la place Sébastopol (place Aissat Ydir) par le boulevard Paul Doumer (boulevard Zabana) qui longe le Musée Demaëght (rebaptisé Musée Ahmed Zabana), et l’E.P.S (vous avez compris, le Collège et Lycée Ardaillon). Le boulevard Sébastopol se perdra ensuite par l’avenue de Valmy (boulevard des Martyrs de la Révolution).
Mais restons Boulevard Joffre.
Toujours sur le trottoir de gauche, nous continuons notre progression. Nous croisons le boulevard Magenta (boulevard du commandant Abderrahmane Mira). Nous apercevons la Place Karguentah (place Zeddour Brahim el Kacem) et la Maison de l’Agriculture (ou Maison du Colon, devenue Maison de la Culture) qui règne aussi sur le boulevard du 2ème Zouaves (avec un « s » à zouaves, s’il vous plaît, parce que son vrai nom est le boulevard du 2ème Régiment de Zouaves). Ce boulevard se prolonge en centre ville donnant naissance à notre Rue d’Arzew.
Nous passons devant l’imposante synagogue qui semble toujours attendre ses fidèles au n° 27 du boulevard.
La rue d’après, rue de la synagogue, abritait le consistoire israélite d’Oran. J’aurai l’occasion de parler, dans une autre rubrique, de monsieur Askénazy, un des plus grands rabbins que notre ville ait eu. La rue de la synagogue traversait le boulevard sur lequel nous sommes, vers l’ouest, pour aboutir en plein quartier israélite, rue de Vienne.
Un peu plus haut, sur le côté droit, la fabrique d’espadrilles de monsieur Quilès où il m’est arrivé souvent d’aller porter, en accompagnant ma grand’mère, le « travail » de la semaine que ma tante Madeleine avait « arraché » à sa machine à coudre.
Continuons à avancer et voilà, nous croisons ce fameux boulevard du 2ème Zouaves, et oui, depuis la place Kargentah il aboutit ici aussi.
(Ma première paire de lunettes de soleil (les mêmes que portait Jacques Charrier svp !), mon père me les avait achetées chez « Arbert et Munoz » dans ce fameux boulevard du 2ème Zouaves).
Puis c’est le boulevard Joseph Andrieu, et enfin la patte d’oie qui m’est si chère : à gauche le boulevard de Mascara et à droite la rue de Tlemcen.
Sur ce carrefour, tout de suite à droite, la rue Daru et l’entrée des Casernes où était mon père.
Les petites camionnettes vertes de la Galiléenne (coopérative d’achats des pharmaciens) garées à l’angle de la rue Dahan, attendaient la fin de leur chargement pour aller sillonner les rues de la ville avec leur précieux colis.
Stationnons un instant sur ce carrefour pour nous imprégner de l’âme de ce quartier qui nous attend : Saint Antoine.
Le Rex (voir « Nos cinémas) , à droite, diffuse de la musique arabo-andalouse-orientale, attirant l’attention du passant sur les affiches des films à passer.
Face à nous, sur la petite place ombragée de ficus, la pharmacie Benguigui qui ouvre le boulevard Edouard Herriot (que l’on continuera à appeler jusqu’à notre départ boulevard de Mascara).
La place, arrêt des bus qui desservaient Médioni, Boulanger, etc… et un peu plus tard les Lauriers Roses, Les Palmiers et Saint Hubert…
Puisque nous sommes de ce côté du boulevard, continuons.
Nous passons devant le Bar des Amis. A notre droite, la rue Interne Ginet qui va traverser le quartier de Saint Antoine, en bordant la Place Laurence et aboutir rue de Ganay tout en haut.
Nous sommes toujours boulevard de Mascara, à notre gauche, les casernes. Après, la rue Général Cérez, à partir de laquelle va commencer le Village Nègre (créé par le Général Lamoricière). On l’appellera aussi, et ce sera moins péjoratif, la Ville Nouvelle. Aujourd’hui, quartier très populaire et commerçant, c’est M’Jina.
A notre droite, le quartier où je suis né et celui de ma tendre enfance, Saint Antoine.
Le boulevard de Mascara va se prolonger par l’avenue de la République (boulevard de l’A.L.N.) en passant devant le jardin public et croisant l’avenue de Yougoslavie.
En 1961 j’ai habité au 62 bis avenue de la République, l’immeuble du Docteur Nahmanovici. Au rez-de chaussée il y avait la société Guigoz et, attenant, faisant l’angle avec le cours Lafayette (ou la rue de Guillotière, je ne me souviens plus très bien), il y avait le dépôt de la Société Lamy Trouvain (Pompes Funèbres Générales).
De la terrasse de l’immeuble, 3ème étage, nous avions vue plongeante sur la cour intérieure où l’on fabriquait et vernissait les cercueils. Pas très réjouissant me direz-vous, mais nous, nous trouvions çà marrant de suivre le bon déroulement des opérations.
Après notre immeuble, la rue du Capitaine Darbos, où habitait Lucienne, jeune fille timide et complexée qui ne « communiquait » avec nous que par le biais de son électrophone qui faisait hurler Dalida, en boucle, avec « T’aimer follement ».
Sur l’avenue, l’épicerie de Madame Diaz, son Eduardo de mari et son fils unique Dédé.
Puis c’était le Bar et le cinéma « la Cigogne ».
Rue suivante, à droite, la rue Gantès. Au n° 8, les établissements Lasry (LEGUMOR), spécialisés dans les pois cassés.
Au numéro 16, l’entreprise de matériaux de construction et carreaux, j’ai cité l’entreprise Joseph MARTINEZ (père), où travaillaient comme fondés de pouvoir les deux fils Joseph et Paul.
Nous n’allons pas nous perdre en suivant plus avant cette avenue de la République vers les Palmiers ou Saint Hubert, pourquoi pas jusqu’à La Sénia ?.
Dans cette direction nous n’irons pas plus loin, et revenons à notre point de départ.
Nous revoilà donc sur la petite place devant le REX
La rue de Tlemcen se prolongeait par l’avenue d’Oujda et ensuite la RN.2 vers Tlemcen.
Remontons cette rue très passagère (où les rails des trolleys-bus sont encore incrustés dans le bitume), qui bordait Saint Antoine sur la gauche et, sur la droite, le Stade Magenta, le Camp et le Fort Saint Philippe.
Toujours sur notre gauche, la rue d’Ajaccio, la rue de Bastia et la rue de Calvi.
Puis la rue Deligny.
Faisant angle, le Bar de chez Toinou (je crois que c’était Monsieur Bordonado), célèbre dans le quartier pour sa « melsa » (rate farcie), que l’on pouvait emporter au détail et qui rôtissait au charbon de bois, embaumant le bar ce jour-là, au détriment des fèves au cumin, des torraïcos (pois chiches), des boquerrones (anchois) ou autres tramoussos (graines de lupin).
Nous passions au bar presque tous les dimanches soirs, en revenant de chez mes grands-parents, pour voir les résultats des matches de foot-ball, que Toinou notait consciencieusement à la craie sur le grand tableau noir qui tapissait le mur du côté du bar.
Un peu plus haut, nous passerons devant l’Eldo (cinéma l’Eldorado) pour arriver rue de Ganay, bordée de faux poivriers aux petites grappes de baies rouges au parfum si particulier et surveillée par la « maison de 8 étages » dont les balcons plongeaient aussi sur l’E.R.M., établissement militaire de l’autre côté de la rue.
Toujours allant vers le sud, nous passerons devant le boulodrome, où j’allais parfois chercher mon grand-père, le soir vers 19 heures.
J’aimais aller le chercher (bien qu’il eût pu revenir seul, évidemment). Seulement, c’était l’occasion d’avoir droit à un grand verre de grenadine pendant que les joueurs de boules trinquaient leur dernier Anis Gras ou Flor de Anis pour « faire passer » les cacahuètes, les variantes et autres kémias.
Mon grand-père se faisait régulièrement rouspéter gentiment lorsque nous revenions à la maison « parce que je ne devais plus avoir faim », trahi par les moustaches rouges que la grenadine avait laissées aux commissures de mes lèvres, ce qui sous-entendait que j’avais dû stationner au comptoir devant les petites assiettes de kémia.
En continuant notre promenade, nous passons devant l’A.S.E. (Avenir Sportif Ekmühlien), rival du C.A.L.O.
Le stade faisait l’angle rue de Tlemcen et boulevard des 40 mètres, de son vrai nom boulevard du Corps expéditionnaire français (je crois).
Mon père y était quelque chose dans ce club (entraîneur ou coatch comme on dirait maintenant, ou quelque chose comme çà).
Il trimballait quelquefois mes 7-8 ans le soir à l’entraînement et, tel un singe dans sa cage, je me cramponnais au grillage qui entourait le terrain, regardant sans intérêt les joueurs perfectionner leurs passes ou leurs tirs au but avec plusieurs ballons, en cuir ciré à l’époque.
Après l’entraînement, débriefing. Je n’ai jamais aimé le foot. Je m’ennuyais à mourir et je bâillais sur ma chaise en écoutant, sans rien y comprendre, les conseils et recommandations aux joueurs, en prévision du match dominical.
Je n’aurais jamais imaginé , à l’époque, combien ces soirées feraient partie un jour de mes meilleurs souvenirs d’enfance.
Je me souviens qu’à côté des vestiaires, il y avait une salle qui sentait le tabac froid, derrière la buvette, dans laquelle trônait en place d’honneur une statue de «Fanny» ( ?), en plâtre, face au mur et à qui j’avais droit d’embrasser le derrière !!! Cà faisait marrer tout le monde… Moi pauvre idiot, je riais aussi et je recommençais. Quand je vous dis que, déjà derrière le grillage, j’avais l’air d’un singe !
La statue existait aussi au boulodrome, mais je préférais celle de l’A.S.E.
Quelques années après, j’eus quand même de bons souvenirs dans ce club sportif.
En été, Les Javaloyas, orchestre espagnol (de Majorque) assez apprécié, animait les bals du samedi soir. Sagement calé sur ma chaise, devant un Crush orange, je regardais évoluer les couples enlacés amoureusement sur des tangos langoureux. Le clou de la soirée était, évidemment, « La Malaguena », interprétée par Rodolfo, le plus âgé (27-28 ans). Rafael, lui, était un virtuose de l’accordéon et du bandonéon, tandis que Serafin jouait du violon, Antonio de la trompette et un autre Antonio de la basse. En fait, en plus de l’instrument dont ils nous régalaient, ils se partageaient le micro alternativement, délaissant trompette, piano ou batterie le temps d’une chanson (en espagnol bien évidemment).
Mes parents eurent l’occasion de recevoir à déjeuner ces cinq jeunes musiciens et il faudra que je retrouve les photos dédicacées où ils sont en tenue de scène, chemise à jabot en satin blanc, pantalon de smoking et boléro noir à brandebourgs et pompons blancs… Eblouissants.
J’ai poussé la nostalgie jusqu’à acheter, cinquante ans après, des disques des Javaloyas, mais les CD n’ont plus le charme de cette époque.
Cet orchestre a fait son chemin avec une carrière quasi-internationale, dissous et reconstitué plusieurs fois sous le même nom de scène. Le groupe, dont les ports d’attache restent bien sûr Mallorca et Valencia, aura un très grand succès outre-Rhin.
Voila fermons la parenthèse sur ces souvenirs personnels et revenons à notre promenade découverte ou redécouverte d’Oran.
Quittons le stade, traversons le boulevard des 40 mètres, la rue de Tlemcen se termine là et cède la place à l’avenue d’Oujda.
Sur notre gauche, le mur d’enceinte de l’école Jean Zay.
Nous passons devant le marché d’Ekmühl, jusqu’à la rue Eugène Lallement. Je crois que c’est à cet angle, ou un peu plus haut dans l’avenue d’Oujda qu’il y avait un bar dont l’enseigne m’intriguait : « 0.20.100.0 » . J’ai longtemps cru à un numéro de téléphone, en fait çà voulait dire « Au vin sans eau ». Ce bar était tenu par M. Bastien qui était l’entraîneur de l’équipe militaire du 66ème Régiment d’artillerie stationné à Eckmühl
La rue Eugène Lallement aboutissait à la Place Noiseux, plantée de ficus dont nous ramassions les petites boules vertes qui jonchaient le sol et qui faisaient d’excellents projectiles pour le stack. Nous avions les mains toutes collantes à cause du latex qui en coulait et les anses de notre cartable en souffraient. Lla Place était surtout celle de notre école communale : Ecole Georges Lapierre. Madame Asencio y tenait une épicerie, mais c’était surtout « notre » marchande de bonbons à partir de 16 heures 30.
Nous sommes donc Place Noiseux, ne pas confondre avec la rue Noiseux qui était de l’autre côté de l’avenue d’Oujda, dans le quartier Terrade, parallèle à la rue Joseph Oliva.
Beaucoup plus haut, face aux Arènes, il y avait une autre rue Noiseux qui menait au Vélodrome. Je suis souvent allé voir les courses cyclistes dans cette enceinte, quelques fois animées par des vedettes de la chanson françaises. Lors d’un critérium sur piste, je me souviens d’y avoir vu Mick Micheyl (pour ceux qui n’ont pas la mémoire qui flanche, ses grands succès de l’époque « Un gamin de Paris », « Je t’aime encore plus », « Ma maman » etc…).
Il y avait aussi des courses derrière moto où la roue avant du cycliste se faisait entraîner par un rouleau fixé à l’arrière de la moto.
Les plus belles courses que j’ai vues étaient celles où courait Mademoiselle Latbaoui, jeune espoir féminin algérien.
Après les arènes, la route nationale 2 filait sur Tlemcen, traversant la Caserne Vincent, le Camp de la Base Militaire et le Quartier Artillerie.
Revenons à notre rue Eugène Lallement qui va maintenant croiser l’avenue Albert 1er, pour se prolonger dans Brunie par l’avenue Jules Vinson (Avenue Bouamama Ben Mohamed), « mon » avenue, puisque j’habitais la Cité Protin.
Traversons Brunie, l’avenue Laurent Guerrero et continuons par la rue Edouard Choupot.
Nous arrivons avenue Aristide Briand, l’avenue de Choupot, (la « rue d’Arzew » des adolescents de Choupot, Brunie, Cuvellier, du Foyer Oranais, de Magnan et de Boulanger). Comme la rue d’Arzew, dès 18 heures 30, l’avenue s’animait et les vagues de jeunes gens allaient et venaient en ressac, faisant le « boulevard » jusqu’à l’heure du dîner.
Je continuerai un autre jour…
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