Rue de Turin, le Casino Bastrana ne répond plus aux attentes des Oranais et, sous l’impulsion du maire de la ville, Hippolyte GIRAUD, homme raffiné et cultivé, ORAN va se doter de son plus somptueux édifice, le théâtre, de style Napoléon III.
C’est en 1905 qu’est posée la première pierre, en bordure de ce terrain vague dominé par le Murdjadjo
Deux après, le 10 décembre 1907, l’opéra municipal d’ORAN est inauguré, se partageant ainsi, avec l’hôtel de ville (de 20 ans son aîné) la Place Foch qui se pare ainsi des plus beaux édifices de l’ouest algérien.
La façade de l’opéra est flanquée de deux tours carrées surmontées de coupoles dorées assises sur quatre piliers à l’architecture finement décorée.
Ces deux tours mettent en valeur la superbe sculpture de Fulconis représentant les muses de l’Opéra, de la Comédie et de la Tragédie.
Elevé de deux étages, on accède au rez-de-chaussée par un grand escalier d’une quinzaine de marches. Trois majestueuses portes fermées de portails en fer forgé ouvragé s’ouvrent sur la salle d’accueil flanquée de larges et somptueux escaliers gardés par des statues brandissant leur torche.
Une lumière diffuse imprégnait le hall d’une sorte de magie écrasée par les lourds lustres en cristal.
Le plafond qui aurait pu être signé Michel-Ange augmentait ce sentiment d’être dans un paradis sans frontières ; les murs tapissés de miroirs reculaient encore l’espace dans lequel les statues allégoriques en bronze doré se mêlaient discrètement à la foule qui se bousculait les jours de générale, échangeant salutations et politesses.
Dans la salle, le drapé d’un lourd rideau en velours rouge bordé d’une frange d’or fermait la scène, devant la fosse d’orchestre. A chaque représentation, les décorateurs redoubleront d’ attention pour parer des plus belles fleurs la rampe qui accueillera les artistes.
Les plafonds décorés supportaient dans leurs pâles nuages des angelots bouclés escortant des renommées sur leurs chars couverts de roses et de fleurs délicates. Des muses aux cheveux blonds les guidaient, les entourant d’une ronde en proposant partitions musicales et instruments de musique.
Ces oeuvres délicates furent exécutées par Monsieur Juan Ramon RUVIRA et Monsieur MULPHIN, tous deux artistes peintres professeurs à l'Ecole des Beaux Arts, aile du Lycée Demaëght.
Sur les murs des sculptures en médaillons offraient fruits et fleurs, opulence d’un pays d’abondance.
Au premier étage, la vaste salle du foyer principal est éclairée par trois grandes portes fenêtres, de style roman, avancées sur la Place Foch par trois balcons arrondis à balustres de pierre. Les fresques murales osaient des créatures de rêve africaines, aux seins voilés et aux poses alanguies qui avaient quelque peu, paraît-il, choqué la bourgeoisie féminine qui s’était pressée lors de l’inauguration.
Gary
Parmi tous les programmes qui ont été joués dans ce Temple de la Culture, je n’ai trouvé que des titres d’opéras et de comédies célèbres.
Peut-être cet édifice refusait-il déjà la Tragédie qui se jouera en 1962…
Entreprise de peinture de M. Ruvira qui fut d'abord boulevard Marceau et ensuite rue Cavaignac
La photo est prise 4 Boulevard Marceau, à coté l'horlogerie bijouterie Paul Sanchez (père) et les cycles Cadène au n° 8.
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