Faîtes revivre votre quartier



Si tu veux savoir où tu vas,
souviens-toi d’où tu viens

(proverbe kabyle)




Ces pages voudraient reconstruire Oran.

Si vous habitiez Oran, vous avez sûrement des souvenirs personnels vécus dans votre quartier, des instants que vous ne voulez pas oublier et que vous seriez heureux de partager avec d’autres oranais. Ces pages sont créées pour çà, elles sont créées pour vous.

Alors si vous souhaitez faire revivre les rues dans lesquelles vous avez déambulé avec insouciance, sans imaginer qu’un jour elles vous manqueraient, adressez-moi vos souvenirs (et avec photos à publier, ce serait encore mieux évidemment), et comme d’autres, vous vous promènerez dans la ville à chacune de vos visites… Le site attend que vous racontiez votre quartier, Boulanger, Protin, Cité Petit ou Saint Antoine, en passant par le quartier Juif ou le Village Nègre, le centre ville, Gambetta, Delmonte, Saint Eugène, Maraval ou Saint Hubert, etc... etc…

Vite, à vos claviers….









Mon chemin tous les matins pour me rendre à Ardaillon.

J’aurais pu prendre le 8, bus de la cité Petit, mais, avec le recul, le trajet à pied me semble aujourd’hui tellement plus agréable, que je ne regrette plus les trois-quarts d’heure de marche.

Depuis la cité Protin (Brunie), avenue Jules Vinson jusqu’à l’avenue Albert 1er. Je descendais un peu pour attaquer la rue Henri Poincaré, passant devant « mon » patronage Don Bosco. Les grandes portes en fer étaient toujours ouvertes et le tourniquet face à l’entrée semblait me dire « à dimanche matin ». Tenu par les pères salésiens, sous la haute autorité du Père Pairel (que je revis en 1966), les différentes « années de catéchisme » étaient encadrées par le Père François et le moins commode Père Lhostis. J’y passais mes dimanches, le matin à la messe (nous n’avions pas droit à l’église d’Eckmuhl – de l’autre côté de la rue- réservée aux parents pour la messe de 11 heures), l’après-midi au cinéma pour voir le « cow-boy » dominical.

Après avoir descendu la rue Poincaré, passé devant chez mon copain Paul M., j’attaquais la rue de Tlemcen, traversant le boulevard des 40 mètres, passant devant le stade de l’ A.S.E. (concurrent du CALO), le boulodrome, laissant à ma droite la rue de Ganay avec sa « maison de huit étages » dont les balcons surveillaient les entrées-sorties de l’E.R.M. Passage devant l’Eldorado, rapide coup d’œil sur les affiches du film de « La Semaine Prochaine », j’arrivais à l’angle de la rue Deligny où le Bar de chez Toinou n’était pas encore ouvert.
Je m’engageais dans la rue Deligny, en passant devant chez mes grands-parents au n° 16 et , au bout de la rue, boulevard de Mascara (Boulevard Edouard Herriot), face au Village Nègre.
D’un bon pas j’empruntais la Rue Général Cérez, longeant le mur de l’arrière des casernes ; à cet endroit précis il devait impérativement être 7h45 (pas plus) parce que je savais que M. Nemiche (surveillant général) ou M. Irèche (censeur) nous attendait jusqu’à 8 heures dernier délai, sinon la petite porte du côté serait fermée et il faudra gravir les grands escaliers pour obtenir un billet de retard (avec les conséquences que l’on connaît).
Puis c’était la rue du Bey Mustapha ou la Rue Ernest Renan (devant les écoles communales où les petits piaillaient encore sur le trottoir, et enfin le boulevard Paul Doumer. La façade imposante du Collège nous attendait à 2-300 mètres.
Accélérant le pas devant le majestueux musée Demaëght et ses statues noires de Paul Belmondo père, j’arrivais enfin dans la cour du Lycée…
En classe pour la journée, j’étais demi-pensionnaire.
Même trajet dans le sens inverse le soir, re-belote le lendemain matin et ainsi de suite, au fil des trimestres.



Puis un jour les « militaires » ont pris possession de « ma ville ». On en voyait de plus en plus, et le quartier que je traversais a été « bouclé ». La plupart des rues que j’avais l’habitude d’emprunter se sont « parées » de guérites peintes en diagonale aux couleurs de la France, de barbelés et de chicanes de chevaux de frise que les soldats poussaient pour laisser passer de temps en temps une voiture après vérification.



Le paysage piéton a brusquement changé et mon itinéraire aussi.
Gary





La Vierge Visiteuse...

En arrivant à ORAN, de la Sénia, laissons les quartiers des Palmiers, les Lauriers Roses, Saint Hubert et Boulanger…
En prolongement de l’Avenue de la République, ne nous attardons pas sur le jardin Public après la Gare d’Hamman Bou Hadjar (bou you-you) et attaquons le Boulevard de l’Indépendance.
De l’Indépendance ?
Ben oui, l’ex-boulevard Edouard Herriot, ou boulevard de Mascara, si vous préférez…
A gauche en descendant, on pourrait prendre la rue de Ganay, avec au bout son légendaire immeuble de huit étages, à l’angle de la rue de Tlemcen qui filait vers Eckmühl.
Continuons plutôt à la découverte ou à la re-découverte de Saint Antoine, quartier pittoresque s’il en est…
En fait beaucoup de quartiers étaient « pittoresques » à Oran, mais celui-là, c’est celui où j’ai grandi un jour par semaine. Mes grands-parents y habitaient et le mercredi soir, mes parents « nous laissaient » à tour de rôle dormir chez ma grand’mère et y passer le jeudi.
A tour de rôle, car nous étions trois et je devais partager ce privilège avec mon frère et ma sœur.
Donc, nous sommes dans ce quartier que le boulevard de Mascara sépare du Village Nègre (créé par le Général Lamoricière, qui deviendra « La Ville Nouvelle » et aujourd’hui M’djina) .
La première rue à gauche me faisait toujours sourire, rue Cambronne (j’associais systématiquement le « gros mot » du Général), continuons et passons la rue de Kristel, la rue Saint Grégoire qui s’ouvrait sur la Place de la Liberté.
En fait, à 10-11 ans je n’ai jamais tellement traîné dans les rues de Saint Antoine, je n’étais pas du quartier, je n’y avais pas de copains puisque je n’étais que le « petit-fils du mercredi soir ». Bien sûr je me souviens quand même de Daniel, de Jean-Claude, de Jean-Marie et de ses frères, de Marie-Claire, de Benaouda ou de Kouider, etc… mais je n’ai jamais joué au pitchac ni au foot dans la rue avec eux.
Mon univers se limitait à la rue Deligny, jusqu’au boulevard de Mascara d’un côté et à la Rue de Tlemcen de l’autre.
J’y reviendrai dans un article entièrement consacré à Saint Antoine.
Je n’ai connu les rues de Saint Antoine que parce que ma grand’mère avait « la charge » de la Vierge visiteuse, et qu’il m’est arrivé, en début de mois, d’aller porter dans le quartier.
Vous ne savez pas ce que c’est la Vierge Visiteuse ?

Médaille


Alors laissez-moi vous en conter l’histoire :
Ma grand’mère avait la responsabilité (confiée par les demoiselles Scotto) de trois ou quatre vierges(au moins).
Le principe était simple : une boite en contreplaqué verni de 40 sur 25 cm sur une hauteur d’environ 60 cm avec une poignée en laiton doré vissée dessus. Deux portes en façade s’ouvraient sur une vitrine derrière laquelle, sur fond de soierie bleu pâle une statue de la Vierge miraculeuse (ma tante disait "La Vierge aux rayons") était fixée sur un tapis de fleurs artificielles.
Lorsque les portes étaient ouvertes, sur celle de gauche une liste de 30 noms (correspondant aux trente jours du mois – sinon le 31ème ne l’aurait jamais eue les mois pairs) chez qui la Vierge devait circuler.
Sur la porte de droite une prière, une image de ND de Montligeon (jamais su qui était cette vierge !) étaient punaisées et le soir de la visite, c’est devant ces images pieuses que la faible lueur d’une petite « veilleuse » flottant dans un verre à moitié rempli d’eau et d’huile illuminait le visage de la statue de plâtre derrière sa vitre.
Des fois, plusieurs veilleuses faisaient vaciller leur flamme en dessinant des cercles concentriques au plafond pour éclairer les âmes des disparus de la famille…
Donc lorsque la fin de mois tombait un mercredi, toutes les vierges étaient ramenées chez ma grand’mère et trônaient, rangées dans l’ordre de leur numéro, sur le « bureau » de la salle à manger.
Et là commençait un rituel immuable.
Chaque vierge avait un « tronc », une petite fente aux pieds de la statue, dans laquelle on glissait des pièces de petite monnaie (un peu la quête à domicile). Un véritable fond de commerce !!!
Ma grand-mère avait les clés de tous les troncs, et consciencieusement les ouvraient pour récupérer les offrandes qu’elle comptabilisait avant de les porter le lendemain au curé de St André ou de la Cathédrale (je ne sais plus très bien).
Après, il fallait nettoyer la vitre sur laquelle les marmots des hôtes d’un soir avaient posé leurs petits doigts ou fait des bisous à la vierge avant d’aller dormir. Coup de chiffon général, les veilleuses pour la nuit mises en place et portes ouvertes toutes les vierges allaient finir leur mois ensemble avant de repartir dès le lendemain chez le n° 1 de leur liste respective.
Si le lendemain était un 31, les vierges resteraient un jour de plus toutes ensemble au 16, rue Deligny, puisqu’elles ne repartaient dans les rues de Saint Antoine que le 1er du mois.
Voilà donc l’histoire des vierges de Saint Antoine, revisitée par mes lointains souvenirs d’enfant.
Si quelqu’un avait des souvenirs plus précis ou anecdote s’y rapportant, c’est avec plaisir que je complèterais cet article.





Les souvenirs de Jocelyn PERPIGNAN




LA MOBYLETTE DE ROBERT
ou « L’INCROYABLE EST VRAI »

Mon copain Robert, qui habitait rue Boileau, avait une mobylette.
Il l’avait achetée à un collègue de travail : elle était jaune, en bon état et elle roulait bien.
Sa mobylette était presque tout pour lui : elle l’emmenait à son travail, le ramenait, le baladait partout et de temps en temps transportait aussi sa copine, c’est pour dire !
Il l’entretenait, la nettoyait, la bichonnait avec amour.
Mais un jour, trouvant que la peinture de sa belle mécanique s’était dégradée par endroits, il voulut la faire repeindre.
Il me demanda alors, de l’accompagner dans un atelier de peinture qui se trouvait, il me semble, rue d’Arzew. En fait, c’était un garage où ils faisaient aussi la peinture sur voitures !
Je me souviens, il s’était arrêté sur une couleur verte, très brillante et très lumineuse, qui me plaisait aussi beaucoup et que je lui conseillais vivement de prendre !
Il fit donc repeindre sa mobylette en vert et alla la rechercher quelques jours plus tard !
Elle était vraiment splendide : elle paraissait neuve et Robert en était très fier !!!

Un jour pourtant, en faisant des courses de l’autre côté de la ville, il la laissa devant un magasin et quand il en ressortit, elle avait disparu : plus de mobylette !
Mon copain Robert était dans un état de colère terrible !
C’était une question d’argent : ou il se faisait à cette situation, sans motorisation, ce qui le gênait quelque peu ou alors il avait celle de s’en acheter une autre mais il lui fallait attendre quelques temps pour se refaire un peu, chercher et s’en trouver une autre.
Pendant deux ou trois semaines, Robert oeuvra sans sa belle machine !

Et puis un jour ou plutôt un soir …

Nous étions 4 copains : Guy, Edgar, Robert et moi, qui habitions dans un rayon de 20 mètres, rue Boileau à Oran, au quartier Saint Pierre. Nous avions tous à peu près le même âge : entre 17 et 18 ans.
Nous nous réunissions de temps en temps pour discuter le soir, surtout l’été, sur les 2 marches de la charcuterie MARY, au coin gauche de notre rue, au carrefour de la rue Boileau et de tous les écrivains du coin : Boileau, Corneille, Racine, Rabelais et Béranger ! Mais Robert n’était pas souvent avec nous en semaine car il travaillait et devait se lever tôt le matin, il venait surtout le vendredi ou le samedi soir.
Or un samedi soir …
Je vous laisse le soin d’imaginer la scène !

Il était un peu plus de minuit !

Nous sommes ce soir là réunis tous les 4, assis devant la charcuterie en train de discuter, Robert est à ma gauche.
Nous bavardons de choses et d’autres, des gens, des voitures, de la situation, de la guerre, des filles, de motos, de mobylettes et bien sûr Robert ne manque pas de nous rappeler, de temps en temps, qu’on lui a volé la sienne et que, malgré la très grande improbabilité de la chose, s’il tenait l’ignoble qui lui avait fait ça, il lui tordait le cou !
Nous, nous ricanons en lui disant que pour qu’il l’attrape, il faut que le voleur s’arrête devant lui avec sa mobylette, sinon… !
Chez nous, c’est un quartier assez calme en journée et le soir encore plus.
Dans le carrefour, personne ! La nuit est claire et douce, je dirais comme d’habitude. De l’autre côté du carrefour, à 15 mètres environ, les grilles de l’épicerie CAMPOS, à l’angle des rues Rabelais et Corneille, sont baissées. En face de nous, une bonne partie de la rue Rabelais qui monte légèrement à droite, s’étale sans âme qui vive : tout est calme !
Le carrefour est éclairé en son centre par une grosse ampoule, vissée dans un chapeau chinois qui est arrimé par des câbles aux immeubles, comme une énorme araignée lumineuse au milieu de sa toile. De temps en temps, elle oscille sous l’effet d’une caresse invisible ou d’un souffle un peu plus soutenu et allonge ainsi un peu plus nos ombres… Nous discutons !
Et puis à un moment, nous entendons le bruit d’un petit moteur qui pétarade et qui nous fait tourner la tête à gauche, un moteur qui a des ratées, que nous jugeons se trouver au bas de la rue Béranger mais que nous ne voyons pas car la rue n’est pas en enfilade dans notre champ de vision : nous n’en voyons que le début. Le bruit s’amplifie un peu et s’arrête brusquement.
Nous continuons à bavarder.
Et puis soudain, quelques minutes après, un léger bruit nous fait tourner la tête de nouveau toujours à gauche, vers le début de la rue Béranger qui descend et qui est assez sombre à cet endroit : un petit bruit métallique, qui tourne et qui augmente nous indique que quelque chose arrive lentement en roulant. Nous nous arrêtons de parler et curieux, attendons que la « chose » apparaisse dans notre champ de vision.
Au bout de quelques secondes, à 20 m nous commençons à deviner une ombre qui pousse une sorte d’engin à 2 roues. Puis la distance diminuant, l’ombre devient une silhouette qui se transforme peu à peu en un jeune homme de notre âge, de race blanche et de type européen comme ils disent dans les films policiers, qui ressemble plus à Hardy le gros, qu’à Laurel le petit, et qui pousse péniblement une mobylette en montant la rue.
Nous commençons par rire de cette situation cocasse, de voir quelqu’un pousser une mobylette à minuit, certainement en panne d’essence, pas du tout sûr d’en trouver et nous de sortir quelques plaisanteries dans le genre :
- Tu veux que je te pousse ?
- Attends, je vais te donner l’essence de mon briquet !
- Tu devrais plutôt redescendre la côte au lieu de la monter !
- Donne-moi ta mobylette, ça t’évitera de la pousser, etc …
Le jeune nous regarde avec appréhension, ne sachant pas si nous n’allions pas lui sauter dessus mais continue à se rapprocher de nous !
Il arrive presque en pleine lumière et nous redoublons de moqueries :
- Pour ton poids, ce n’est pas une mais deux mobylettes qu’il te faudrait !
- C’est sûr que pour te supporter elle consomme le double d’essence !

Nous rigolons jusqu’à ce qu’il arrive en pleine lumière, à 5 mètres de nous.
L’ampoule au-dessus de sa tête brille de tous ses feux et éclaire le couple : lui un gros sans importance et elle, une magnifique mobylette peinte d’une couleur verte très brillante et très lumineuse !
Tout d’un coup Robert à côté de moi a un haut le corps, il se dresse d’un coup et crie : ma mobylette !!!
En 1 seconde moi aussi je reconnais l’engin, je me lève d’un bond suivi de mes camarades. Nous courons vers le gars qui s’est arrêté et nous regarde bouche bée foncer sur lui. Nous l’entourons et Robert attrape fermement des deux mains le guidon de la machine : c’est ma mobylette, qu’il lance au jeune !
Le gars nous regarde, atterré, balbutie : ben, heu, non c’est la mienne...
Nous le pressons de questions auxquelles il n’a pas le temps de répondre : tu l’as volée ! Où tu l’as eue ? A qui tu l’as achetée ? Tu es un voleur ! Où tu l’as achetée ? Où tu habites ? Comment tu t’appelles, voleur ? Fous le camp ou tu vas dérouiller …
Le pauvre, courbé sous les questions et entouré de 4 grands le menaçant, lâche la mobylette toujours tenue fermement par Robert, et se sauve dans la nuit vers le haut de la rue Béranger ! Nous le laissons s’échapper !
Nous regardons la mobylette de Robert : pas de doute, c’est bien elle !!! Robert, qui a oublié sa haine, l’examine sous toutes les coutures avec excitation : les roues, le guidon, la selle, le phare : elle est intacte et même la petite marque qu’il avait faite sous le réservoir : un « R » gravé est bien là !

Robert était vraiment content et monta dessus aussitôt ! Nous, nous n’en revenions pas de tous les facteurs qui avaient du se cumuler pour arriver à ce dénouement :
- Il était plus de minuit donc nous aurions du être couchés.
- Cela se passait à 5 km au moins du lieu du vol donc théoriquement, le jeune n’avait aucune chance d’être repéré.
- Il était en panne et il est passé devant nous à pieds, lentement, parce qu’il montait la côte au lieu de la descendre.
- Il est passé en pleine lumière devant nous, alors qu’il aurait pu passer dans un coin sombre ou alors l’ampoule aurait pu être défaillante.
- Justement ce soir là, Robert était là et a reconnu sa mobylette, alors que nous, nous n’aurions certainement pas pu le faire !
- Nous l’avons récupérée sans difficulté car nous étions 4.

Ce soir là, à minuit passé, dans des circonstances incroyables, Robert avait retrouvé sa mobylette volée !!!

Jocelyn
ORAN 1942 – 1962








SUR MA TERRASSE

« Le jour où nous avons ameuté le quartier Saint Pierre ! »

Je me souviens, c’était en 1958, pendant la semaine sainte de Pâques et j’avais 16 ans.

J’étais élève au lycée Lamoricière et je faisais de la chimie. Jusque là rien que de très normal.

Dans mon immeuble, 16 rue Boileau à Oran, au quartier St. Pierre, j’avais un voisin de palier, Guy, qui avait le même âge que moi et qui suivait un cursus parallèle au mien mais dans un autre établissement (Annexe de Gambetta).
Nous discutions bien souvent de sciences et techniques, moi voulant être pilote et lui médecin et pour imiter l’évolution spatiale du moment, nous nous étions mis d’accord pour fabriquer des petites fusées, en unissant nos connaissances et dans la mesure de nos moyens.

Nous avons donc repris nos livres de chimie, de physique et tous les grimoires que nous avons pu trouver et avons cherché dans les formules de fabrication de poudre, celle qui pourrait convenir à nos besoins pour propulser des fusées.

Nous nous étions arrêtés, je crois, sur une mixture assez complexe comprenant entre autre : une pincée de sulfure de carbone, un doigt de carbonate de potassium, une cuillère à café de bicarbonate de soude, un morceau de sucre, c’est vrai et quelques bricoles… C’était presque de la pâtisserie mais il manquait le zeste de citron et la cerise !
Mon copain Guy avait remarqué, déjà, dans la composition de certains comprimés pour la gorge, qu’il y avait des ingrédients faisant partie de notre formule, comme la carbocistéine, un parahydroxybenzoate quelconque et des substances dans ce genre … enfin vous voyez !
Nous voila donc dans sa cuisine, après avoir acheté 2 ou 3 produits et en suivant scrupuleusement les proportions de la formule, en train de malaxer ce mélange de poudres et de pilules pour le rendre homogène. Guy remplit 3 tubes, genre ‘Aspirine’ avec cette farine, il ajouta une mèche au phosphore et nous nous retrouvâmes devant le problème de l’axe de la propulsion : horizontale ou verticale ? Nous optâmes pour une inclinaison de 45 ° !
Mon copain Guy avait préparé et rempli les tubes : il me revenait de faire ‘la tour de lancement’ ! J’avais à l’époque, depuis quelques années, un ‘Mécano’ assez complet qui me permettait de faire des merveilles en montage mécanique. De construire une rampe bien solide d’1 mètre de long fut pour moi un jeu d’enfant !

Et nous voila partis sur la terrasse de notre immeuble !

Je plaçai la tour de lancement sur la terrasse, dans le sens de la longueur, un tube de poudre à sa base. Il faut dire que les tubes avaient donc une extrémité fermée et l’autre où se trouvait la mèche, était à moitié écrasée pour faire effet de tuyère. Mais nous savions, après essai, que la poudre n’était pas explosive car elle brûlait très bien à l’air libre sans détonner ! Nous nous dîmes que de toute façon, si les tubes explosaient, vu leur minceur, ils ne pourraient pas nous faire de mal !

Je me souviens, j’ai allumé la mèche et nous nous sommes éloignés de quelques mètres, très excités. Nous attendîmes que la mèche brûlât et arrivât à la poudre : le tube commença à monter de 10 cm sur la rampe et d’un seul coup fusa à 10 mètres environ avec un petit sifflement, en une parabole qui nous sembla parfaite, puis il retomba sur le sol de la terrasse, vide et noir mais intact ! Nous disposâmes les 2 autres tubes et fîmes de même : même cause, même effet, succès complet ! Ce jour là fut une grande victoire pour nous … et pour la science !!!

Nous étions très contents de nous et aussitôt nous mîmes sur pied une autre opération qui nous permettrait de franchir un degré de plus dans la difficulté et que nous baptisâmes modestement : « Opération Mégatube » : il s’agissait de prendre un seul tube, 3 fois plus long et plus gros que les précédents, avec 6 fois plus de poudre mais pour éviter de le voir s’écraser sur une autre terrasse, nous décidâmes de le propulser horizontalement sur le sol. Nous nous partageâmes une fois de plus le travail : Guy, le tube et la poudre, moi le chariot !

Guy n’eut aucun problème pour le bout de tube : son père qui travaillait dans une société d’électroménager, lui avait fourni un magnifique morceau de cuivre de 25 cm de long et de 3 cm de diamètre au moins.
Moi, avec mon mécano, j’avais monté un super chariot à 3 essieux et 6 roues ! Tout était prêt pour le lancement !

C’était par ce bel après-midi du vendredi saint, de l’an de grâce 1958, nous avions 16 ans et allions faire une grosse bêtise !!!

Je me souviens, c’était le 4 avril : il était 15h30. Nous sommes montés sur la terrasse avec notre attirail. Je disposai le chariot au sol, près du mur ouest en tournant le dos à la mer, pour qu’il traversa la terrasse d’un bout à l’autre et je bloquai le tube sur le chariot par des attaches vissées.
Le cuivre brillait sous le soleil ; le chariot nous sembla magnifique avec ses couleurs jaune et bleue et ses roues rouges aux pneus noirs ; j’allumai la mèche et nous reculâmes d’environ 3 m : la mèche brûla en dégageant une lueur blanche très vive et en éjectant quelques étincelles ; le feu arriva en bout de mèche et puis … rien !!! Étonnés, nous nous sommes approchés, j’ai un peu poussé le chariot avec le pied droit, rien ne se passa ou plutôt si : une petite fumée blanche s’échappa du tube. Je me dis que peut-être la tuyère était trop écrasée et qu’il n’y avait pas assez d’échappement mais je n’eus pas le temps de vérifier : mon copain Guy se mit à genoux et il poussa l’ensemble de la main, c’est à ce moment précis qu’il y eut l’explosion !!!

Je me souviens, une explosion terrible !

Moi, je sentis un léger froissement de mon pantalon au niveau de la cuisse gauche. Guy porta aussitôt la main droite à sa tête : elle se remplit de sang et il se mit à crier. Pendant ce temps là, je jetai un regard circulaire sur tous les immeubles alentours et m’aperçut qu’il y avait du monde partout, aux fenêtres, aux balcons, sur les terrasses et qui nous regardait … Nous étions en guerre et les gens avaient cru à un attentat ! En plein après-midi nous avions ameuté le quartier St Pierre !

Au bout de quelques secondes, nous redescendîmes en courant les escaliers jusque chez Guy. Il se mit une serviette contre la tempe pour arrêter l’hémorragie : elle devint rouge aussitôt ! Il me cria d’aller chercher un médecin. J’en connaissais un mais assez loin : je fonçai alors à toute vitesse chez un voisin à 2 pas, rue Corneille, qui avait un véhicule et qui était là. Je lui expliquai rapidement l’urgence et il me demanda d’amener mon copain. Mais sur ces entrefaites, Guy m’avait suivi et était aussi arrivé chez ce voisin. Moi, voyant qu’il était pris en main, je le laissai et rentrai chez moi pour avertir mes parents et les siens, alors absents.

Arrivé chez moi, je voulus regarder si je n’avais rien : je descendis mon pantalon et je m’aperçus avec horreur que j’avais une entaille très profonde sur la cuisse gauche mais paradoxalement sans une goutte de sang ni aucune douleur, et qui ne m’avait absolument pas gêné dans ma course !

Aussitôt, je repartis en courant chez le voisin qui emmenait Guy et qui avait déjà démarré. Je vis sa voiture à 100m, presque en haut de la rue Béranger, et qui allait tourner à droite sur la route du port : j’entrepris une course effrénée comme j’en avais l’habitude et les rattrapai en haut de la côte, dans le virage, je tapai à la vitre et montai à l’arrière. Ainsi, nous nous sommes retrouvés tous les deux chez le médecin pour faire recoudre nos plaies et bien sûr sans aucune anesthésie, le médecin ne la trouvant pas nécessaire !

Pendant que Guy était sur la table, un voisin du rez-de-chaussée de notre immeuble arriva pour voir ce qu’il était advenu de nos personnes. Je lui racontais succinctement l’histoire mais en lui disant de ne pas l’ébruiter : c’était justement ce qu’il ne fallait pas dire pour que tout le monde le sache… et tout le monde l’a su !!!

Le médecin rendit à mon copain Guy ce qui lui appartenait, c'est-à-dire un éclat de cuivre semblable à une pièce de 5 francs, de 3 cm de diamètre et de 1/10 de millimètre d’épaisseur qui était venu se loger, telle une lame de rasoir et par un grand coup de chance au niveau du front, entre la peau et le pariétal à côté de la tempe, à 1 cm de l’oeil droit !
Moi, je n’avais que le muscle de la cuisse gauche, le ‘Droit antérieur’, qui était incisé sur 5 cm et 1 cm de profondeur, avec la chance de ne pas avoir eu le fémur de touché !

Bien sûr, en rentrant chez nous, nos parents, après la 1ère frayeur, nous ont tancés sévèrement mais il n’y avait pas eu mort d’homme, heureusement ! Ma mère s’est empressée de nous affirmer avec toute la ferveur de sa foi que nous avions fait de la peine au bon Dieu pendant ce vendredi saint, qu’il nous avait punis et que nous ferions bien de le remercier du fond du coeur. Nous, nous n’avons seulement remercié que la providence qui nous avait conservés en vie et nous avait évité des histoires avec la Police !

Le lendemain, je suis remonté sur le lieu de nos exploits. Je n’ai retrouvé, sur toute la terrasse, qu’une roue et qu’une attache noircie et tordue : les axes, les roues, le chariot et le tube, tout avait disparu, volatilisé, sauf une tâche noire de poudre au sol qui marquait l’emplacement du délit ! Je n’ai jamais retrouvé l’éclat de métal qui m’avait blessé, par contre mon copain Guy a conservé le sien comme une relique.

Que nous reste t’il de cette histoire ?
Malgré quelques cicatrices qui ne nous ont jamais gênés, de bons moments passés ensembles et surtout une belle histoire à raconter !!! Mon copain Guy n’a eu aucune séquelle et moi j’ai toujours couru aussi vite ! Je n’ai jamais su s’il était devenu médecin mais moi je n’ai jamais été pilote !

Nous avions joué aux apprentis sorciers et en fait, sans le savoir, nous avions fabriqué une magnifique bombe !!!

Jocelyn
ORAN 1942 – 1962





Les souvenirs de Marcel Sévilla





LE QUARTIER SAINT PIERRE – LES COPAINS

Le quartier était limité par les places des Victoires et Hoche reliées par la rue Traktir devant laquelle se situait la rue de Verdun jusqu’à la rue Dufour et entrecoupée par les rue Kimburn, et de Lesseps (ou se trouvait la petite chapelle)
Il s’élargissait ensuite de part et d’autre de ce cœur de quartier suivant le plan ci-après.



C’était un quartier populaire avec des commerces de détail (je me souviens bien de la boucherie « Amouzegh » dont le fils Claude était un de nos copains) et des artisans. Mais surtout, rue Kimburn il y avait de grands entrepôts appartenant à l’entreprise SENECLAUZE qui fabriquait des fûts à vin. A longueur de journée nous entendions les ouvriers cercler ces fûts à grands coups de marteaux. C’était tellement habituel que cela ne nous gênait pas.

De grands camions à plateaux transportaient ensuite ces fûts vides jusqu’au port. Plus d’une fois avec les copains nous grimpions sur les plateaux en cachette pour descendre jusqu’au port et nous faisions de même pour remonter, au grand dam des chauffeurs et de nos parents lorsqu’ils nous surprenaient.

Presque toutes les familles du quartier se connaissaient, surtout par rues, et aussi par les enfants car nous étions nombreux. Il y avait les MANTES, RIVAS, CADENAS, LAVARELO, SIMO, SEVILLA, GONZALES, LUBRANO, EXPOSITO, CHACON, LOPEZ, DEL CANTO (beaucoup de noms d’origine espagnole).

Curieusement nous étions une bande de garçons nés en 1939, ce qui nous amena à fréquenter les même écoles primaires, parfois dans les mêmes classes et donc à consolider les liens d’amitiés. Cependant les secteurs scolaires étaient différents : c’était l’école Jean Macé pour ceux qui habitaient le haut du quartier et Jules Renard pour ceux du bas du quartier. Pour les filles c’était un peu pareil mais elles fréquentaient l’école Laurent Fouque car la mixité n’existait pas. Plus tard en devenant adolescents garçons et filles se rapprochèrent au gré des « surprises parties » organisées chez les uns ou les autres.

Il y avait une famille arabe *, BOUNOUA, qui habitait rue Traktir. L’aînée, Lahouaria partageait souvent nos jeux. Je me souviens très bien d’elle, car c’était une véritable boute en train. Toujours à sautiller et à chahuter. Son frère Kader plus jeune était plus calme. Lors des fêtes musulmanes, leur maman nous offrait des pâtisseries orientales qu’elle confectionnait à ces occasions. Leur père était chauffeur de taxi. Nous avions de bonnes relations de voisinage. Malheureusement au cours de l’année 1961 ils durent quitter le quartier, car les arabes vivant en zone européenne faisaient l’objet de menaces par l’OAS.

Mais l’histoire ne se termine pas là. Lorsque j’ai commencé les recherches pour retrouver mes copains, j’ai pu les retrouver également. Ils résident à LA SEYNE SUR MER (83). Notre rencontre a eu lieu chez ma sœur Geneviève en 2004 à HYERES où nous les avions invités à déjeuner. Ce furent des retrouvailles émouvantes, au même titre que celles avec tous nos autres copains. Ils vivent en France depuis plusieurs années, KADER ayant fait de la prison en ALGERIE en tant qu’opposant au régime du Président BOUTEFLIKA. Il exerce la profession d’Ecrivain Public et aide ainsi ses compatriotes algériens dans leurs formalités administratives et autres documents.

La plupart des copains ont été retrouvés, sauf les filles car elles ont probablement pris des noms maritaux. Nous nous sommes réunis aussi à NIMES le jour de l’Ascension, car la Vierge de Notre Dame de Santa-Cruz qui dominait la ville d’ORAN a été « rapatriée » dans un sanctuaire visité par de nombreux Pieds Noirs.

J’emploie le mot « arabe » au même titre que les termes "asiatique – africain – européen", car le mot musulman désigne une religion.

Les copains du quartier



LES JEUX


Nos jeux se pratiquaient pour beaucoup dans la rue en raison du peu de circulation, mais nous avions deux pôles d’attractions, la place des Victoires et la place Hoche.

La Place des Victoires


Il y avait des toilettes municipales installées en demi sous-sol dont le toit en ciment s’élevait d’un mètre au dessus du sol. Cela faisait penser à un énorme champignon avec une tête plate. Nous passions des heures dessus à empêcher les autres enfants de monter et ce à tour de rôle.

Nous pratiquions aussi un certain nombre des jeux décrits plus loin (tour de France – cartelettes ).

Adolescents c’était notre quartier général où nous nous retrouvions pour parader devant les filles, ou jouer au billard électrique du bar des victoires.

La Place Hoche

La particularité de ce site était de disposer d’un terrain de volley-ball où se déroulaient de nombreuses compétitions officielles. Le club s’appelait l’AFRICA et le terrain « le caïd ». Avec certains de mes copains nous étions incorporés dans les équipes juniors, puis seniors. C’est ainsi que pendant plusieurs années nous avons pratiqué ce sport d’autant que nous avions libre accès au terrain pour les entraînements. La place Hoche. A droite on voit une partie du mur d’enceinte du stade du caid

Nos jeux favoris


Le ballon bien sûr qui avec nos cris et nos tirs dans les portes ou les fenêtres des habitants, nous valait des « enguelades », voire des confiscations de l’objet par des mamies lorsque celui-ci pénétrait par la fenêtre ouverte (il valait mieux qu’elle soit ouverte !). Après bien des supplications il nous était rendu, à condition qu’on aille « jouer plus loin », c’est à dire chez le voisin d’à côté, qui pouvait à son tour, excédé, nous courir après.

Le carrico (le chariot)



Nous étions aussi les précurseurs du « Skateboard » ! En effet avec une planche et deux roulements à billes nous fabriquions un « carrico ». Nous ajoutions un troisième roulement à bille sur une petite planche mobile qui servait de guidon. Nous dévalions la rue de Verdun qui était en pente, couchés à plat ventre sur le carrico, au ras du sol. Des copains se postaient au croisement des autres rues perpendiculaires pour prévenir si d’aventure un véhicule survenait.

Les pignols ( les noyaux )



Avec les noyaux d’abricots nous jouions au « pignoles ». Ce jeu consistait à envoyer un noyau d’abricot démolir un petit tas constitué de quatre noyaux (3 dessous et un dessus). Si le tas était renversé le joueur prenait l’ensemble des noyaux. S’il ratait, c’était celui qui proposait le tas aux joueurs qui gardait les noyaux. Ceux ci étaient conservés dans une vieille chaussette
A l’école il était permis d’y jouer pendant les récréations. Evidemment il y avait déjà du « racket ». Celui qui ne voulait pas se soumettre en donnant quelques noyaux aux « plus grands » voyait sa chaussette vidée à la plus grande joie des autres enfants qui se battaient pour les récupérer, la victime étant en pleurs.
Il y avait une variante qui remplaçait le petit tas. C’était un carré en grès (genre mosaïque de salle de bains) qu’on appelait un « souffre » ! Le principe était le même c’est à dire que le joueur qui renversait le « souffre » recevait 4 pignoles + le sien.
La distance de tir restait identique soit environ 2 mètres.

Le tour de France


Ce jeu se pratiquait surtout pendant les vacances d’été au moment du tour de France cycliste, qui avait bien sûr une grande renommée.
Il consistait à effectuer un double tracé à la craie sur le sol d’une cour ou même sur la chaussée.
Ce tracé de plusieurs mètres était censé représenter la route du Tour. Il y avait des lignes droites, d’autres sinueuses et d’autres en lacets. A des intervalles plus ou moins réguliers, nous indiquions des villes étapes avec une étape de départ et une d’arrivée.
Des capsules de bouteilles de bière étaient lestées en les remplissant de cire. Elles représentaient les coureurs. Chaque participant prenait le nom d’un coureur (Coppi – Robic – Bobet etc..) et devait ensuite en poussant la capsule avec un doigt la faire avancer sur le tracé. Nous avions droit à trois « poussettes » à la suite et puis il fallait attendre que chaque participant ait joué pour continuer.
Si la capsule sortait du tracé, c’était une pénalité et le joueur revenait à la ville étape précédente. Un peu le principe du jeu des petits chevaux.
Une partie pouvait durer plus d’une heure suivant le nombre de participants et la longueur du tracé.

Le pitchak



Pour pratiquer ce jeu, il suffit d’avoir une pièce de monnaie trouée en son milieu (comme on en trouvait à l’époque) et un bout de papier découpé partiellement en bandelettes. On le fixait ensuite dans le trou de la pièce. En général il se joue à deux, aux pieds, l’objectif étant comme au foot de s’avancer vers le but de l’adversaire pour marquer mais en conservant le pitchak en équilibre sur les pieds ou les genoux sans le faire tomber.
Il serait venu d’Amérique centrale connu sous le nom de « tlachtli » vers 1520 en Europe.
Il se pratique à Nice sous le nom de « pilou » depuis les années quarante.

Les cartelettes



Il se joue avec la partie où est inscrite la marque d’une pochette d’allumettes. Cette partie était détachée et avait une valeur attribuée en fonction de la rareté du type de pochette. La marque de l’époque la plus courante était « le jockey », c’était la valeur de base. Donc une pochette par exemple « philips morris » valait 10 jockeys, et ainsi de suite.
C’est également un jeu qui se pratique avec la main.
Une fois les deux joueurs étant d’accord sur les valeurs de leurs cartelettes, celles ci étaient disposées sur le sol à l’envers. En frappant avec la paume, la main légèrement fermée, sur la cartelette et en la relevant aussitôt pour former une espèce d’aspiration, il fallait arriver à la retourner. Si c’était le cas, le joueur la gardait sinon c’était à l’autre joueur d’essayer à son tour la même manœuvre. La cartelette « le Jockey »

Les osselets


C’est un jeu qui se pratique avec la main. Cinq osselets sont disposés sur le sol ou sur une table. Il faut les attraper un par un tout en conservant dans la main ceux déjà pris. Cela demande de la dextérité et de la rapidité.
Comme vous le constatez nous sommes loin des jeux pour enfants pratiqués aujourd’hui, mais cela suffisait à notre bonheur et à occuper nos moments de loisirs, sans télévision ni ordinateur !

Le patronage des « curés »


Il était situé près du cinéma Mogador pas très loin de la place Hoche.
A la pré-adolescence avec les copains nous fréquentions ce patronage dont l’animateur était un prêtre, l’abbé Marcel LAFARGE. Dans la cour nous pratiquions diverses activités ludiques. Il y avait aussi une salle de cinéma baptisée « le bazooka », pourquoi ? Nous ne l’avons jamais su. Lors des séances il y avait parfois un chahut indescriptible au cours de certaines scènes et il arrivait que la séance soit interrompue et les « brailleurs » mis dehors manu militari.

Si vous le souhaitez, cet emplacement est réservé à vos souvenirs...







14, rue Deligny. C'était la maison de Monsieur Khasmi


Rue Deligny, après la rue Mac Mahon c'était l'épicerie de Madame Giméno


Faisant l'angle rue Deligny et rue Mac Mahon, l'épicerie de Ihia et de son frère. Derrière le poteau, sur la rue Mac Mahon il y avait la fontaine au "robinet poussoir" en cuivre qui nous éclaboussait chaque fois que nous allions remplir "une bouteille d'eau fraîche avant de passer à table"...


En face de chez ma grand'mère, ce qu'il reste en 2006 de la boulangerie Mirallès


Quelqu'un reconnaîtra-t-il la boucherie "Chez Adolphe" SADOCK (angle rue Deligny et rue Mac Mahon), sa soeur Jacqueline et son frère Maxou


n° 10 de la rue Deligny et angle rue Interne Ginet, l'immeuble Terrade (en allant vers la rue de Tlemcen).
Au 1er étage il y avait le Docteur Bensmaïne...
Sidi Mohamed Seif Eddoula, a repris le cabinet de son père
où il exerce actuellement sa profession de médecin.


n° 16 de la rue Deligny, chez mes grands parents 45 ans après.






Vous devez ces photos récentes à la gentillesse de Karim


Place Laurence


Rue de Tlemcen, on voit encore à gauche sur la maison, la plaque en français de la rue d'Ajaccio qui va vers la Place Laurence


Le Cinéma REX
où j'ai vu mon premier et seul film de Farid el Atrache "Habib al omr" (L'amour de ma vie) dans lequel il partageait l'affiche avec la sculpturale danseuse de danse du ventre Samia Gamal. Le film était sous-titré en jaune



La rue Interne Ginet qui remonte vers la Place Laurence (du boulevard de Mascara à la rue de Ganay). A droite du passant, la rue d'Ajaccio, puis au dessus, débouchant sur la Place Laurence, la rue de Bastia (avec le cinéma LE MAGIC - plus très sûr si cétait rue de Bastia ou rue d'Ajaccio - ), et la rue de Calvi



Sidi Snoussi, Karim est né dans l'immeuble et sa famille y habite toujours


Boulevard de Mascara


re-Place Laurence sous un autre angle


re-Rue Sidi Snoussi


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Pas un quartier d’Oran, mais « une ville dans la ville », regroupant des rues ou des édifices dont le nom à lui seul constituait « un quartier ».
On était de Saint Louis (avec l’école des Trinitaires rampe Rognon), de la Place de Nemours, de la Rue d’Orléans, de la Place Kléber ou de la Calère…
La Marine, c’était aussi une dénomination péjorative pour la « haute ville ». Cà voulait dire les « bas-quartiers ».
En fait, c’était surtout un des plus beaux, des plus pittoresques voire des plus riches en témoignages de l’origine de notre ville. Un écrin au pied de Santa-Cruz qui s’endormait le soir bercé par le clapotis des vagues contre les barques de pêche.
Une communauté cosmopolite qui parlait l’espagnol, l’italien ou l’arabe évoluait dans une promiscuité fraternelle au hasard des rues de Lodi, du Matelot Landini, Trotabas ou Charles-Quint. Les places ou « réplacettes » ne manquaient pas : Place de la Perle, La Place Emerat dominée par l’école de la Marine, la Place de Nemours, la Place de la République (rendez-vous des ados en fin d’après-midi, chemisettes et pantalons de toile, corsages et jupes fraîchement repassés), et j’en passe…
Un « petit état » dans l’Etat vous dis-je, pouvant vivre en complète autarcie sans avoir besoin d’aller « en ville ».
Pas de supermarché évidemment, mais foison d’épiceries, charcuteries, boucheries, bijouteries, quincailleries et une dizaine de boulangeries…
La carte bleue n’existait pas, mais on ne payait pas les « commissions ». La plupart des ménagères avaient « un compte » chez les commerçants, sur un cahier à spirales, compte que l’on venait solder en fin de mois quand on avait « touché la paie ».
La grande majorité des familles vivaient de la pêche, attendant chaque jour que le quartier s’anime quand les hommes rentreraient vers 17 heures.
Alors l’ambiance, que certains ont retrouvée en Espagne, s’installait quand le soleil commençait à décliner laissant enfin respirer les rues.
Place de la République, alors que les adolescents réinventaient la drague de leurs parents, les hommes se retrouvaient dans les cafés racontant leur journée à leur verre d’anisette ou à la petite assiette de kémia.
Après souper, comme je l’ai moi-même connu à Saint Antoine, les « chaises basses » (genre prie-dieu) envahissaient le trottoir « para tomar el fresco ». Jusqu’à 22heures-22heures30 (c’était déjà réglé comme maintenant par la fin du film à la télé alors que la télé n’existait pas encore à Oran), les gamins traînaient dans la rue sous l’œil attentif de leurs mères ou leurs grands-mères qui échangeaient les derniers potins, s’interpellant parfois d’un trottoir à l’autre.
La Marine ne serait pas la Marine sans son patronage Don Bosco. J’ai fréquenté celui d’Eckmühl où, j’en suis sûr, nous avons eu les mêmes jeux, les mêmes distractions sous l’œil bienveillant des pères salésiens.
Voila « La Marine » telle que je la connais maintenant à travers ce que j’en ai lu, n’y étant jamais allé. Mais si un jour je retourne à Oran, je vous promets que c’est un quartier que je ne manquerai pas.
J’attends qu’un visiteur originaire de la Marine veuille bien compléter cette page par ses souvenirs et je l’en remercie.

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Rue du Parc
Rue du Parc

La rue du Parc en 1960 et la reconnaissez-vous en avril 2007 ?







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