Cité fortifiée, la Ville d’Oran était ceinturée de murailles en pisé, trouées de portes et protégée par des forts aujourd’hui quasiment disparus dans leur totalité, usés par le temps, dirons-nous, mais surtout squattés et saccagés, démolis pour récupération de leurs pierres .

Les différentes portes permettant de sortir de la ville :


Vers Canastel,surgiront les quartiers de Gambetta et Gambetta Falaises, où aujourd’hui (comme à l’Est de la ville Notre Dame de Santa-cruz), l’hôtel Sheraton scrute la mer..

A l'ouest La porte d’Arzew , entre la rue d’Arzew et l’avenue de Tunis (prolongée par l’avenue d’Arcole) ouvrait vers Arzew (38 km) et Mostaganem (80 km) et les nouveaux quartiers de Montplaisant et Carteaux

En partant de la Place des Victoires, la rue Mirauchaux se terminait par la porte Bel-Air , croisant la ligne de chemin de fer pour rejoindre l’avenue de Saint Eugène (Route Nationale n° 4 vers Alger – 450 km -)

A l’intersection de l’avenue Saint Charles (derrière la gare) et l’avenue de Sidi Chami, la porte Saint Charles

Le boulevard Hippolyte Giraud commençait aux portes de la Gare , qui ouvriront plus tard sur la Cité Bel-Air, les quartiers de Delmonte et Cavaignac

Place du Docteur Roux, à l’intersection de la rue Général Détrie et du boulevard Paul Doumer, ce sont les portes de Valmy qui accèderont à Lamur, Liautey et Médioni, en laissant à droite le cimetière israélite

Des portes de Valmy, il fallait suivre la rue du Général Bourbaki qui croisera le Boulevard de Mascara (boulevard Edouard Herriot) aux portes de Mascara . Le boulevard de Mascara se prolonge au-delà par l’avenue de la République (route nationale n° 6 vers La Sénia (8 km), Le Tlélat (28 km) et Sidi Bel Abbès (85 km), desservant les quartiers de Boulanger, Choupot et plus tard Saint Hubert, les Lauriers Roses, etc.

Les portes de Tlemcen


Des portes de Mascara, suivons la rue de Ganay qui aboutit à la rue de Tlemcen, aux portes d’Eckmühl (ou portes de Tlemcen) , au pied du Fort Saint Philippe . La rue de Tlemcen se prolongera par l’avenue d’Oudjda, vers Aïn Témouchent (72 km), Tlemcen (138 km) et Oudjda à la frontière marocaine (218 km) .
Au-delà des portes d’Eckmühl, les nouveaux quartiers Terrade, Brunie, Eckmühl, Magnan

La porte de Canastel



La porte de Canastel, donnant accès à la rampe de Madrid, quartier de la Marine.
En fait, il y aurait eu deux portes dites "de Canastel", Place Kléber. L'une était devenue "Le Bar Soudanais".
Ce serait par une de ces portes que le Cardinal Ximénès de Cisneros aurait fait son entrée dans Oran en 1509.




La porte du Santon



Enfin, Les portes du Ravin , au pied du Mudjadjo et la porte du Santon , avant d’attaquer la route des Planteurs, fermeront la ville par le Fort Lamoune, route nationale 2 vers Mers-el-Kébir et la corniche oranaise.












le Caravansérail

Porte du caravansérail à la Promenade du Général de Létang (aujoud'hui Ibn Badis)

En face de l’ancien musée Nessler , dans la rue du Cirque ou Berth-Abrecht ,existait autrefois deux jolies portes de pierre ornées de sculptures,de style mauresque, dans un assez mauvais état de conservation .
C’est tout ce qui restait d’un caravansérail construit en 1848 ,par l’autorité militaire,pour installer un vaste marché.
Celui-ci devint ensuite l’hôpital Saint Lazare.
Abandonné en 1883 ,il fut démoli quelques années plus tard.
L'histoire raconte qu'entre 1942 et 1944 une des deux portes aurait disparu et on attribuerait cette "disparition" aux américains.
En 1956, celle qui restait (la plus belle) fut démontée et installée à la promenade de Létang, près du Monuments aux Marins.






Les Forts d'Oran


En 1509 le Cardinal Ximenes de Cisneros s’empare d’Oran et nomme comme gouverneur de la ville Diego Fernandez de Cordoba, marquis de Comares.
Oran avait été conquise, mais à l’intérieur du pays les troupes ottomanes résistent.
Oran convoitée ne pourra pas tenir longtemps face aux armées ottomanes.

Les espagnols vont alors édifier un système de fortifications pour protéger, mais surtout pour préserver, la ville : châteaux, forts, fortins, tours de garde et d’observation, bastions, tous reliés entre eux par des galeries souterraines…
Deux siècles plus tard, la ville tombera et le bey Bouchaghalem en prendra possession (1708).
Les espagnols n’admettront pas cette défaite et vont œuvrer pour reprendre la ville aux ottomans.
L’armada du Duc de Montemar, 24 ans plus tard (nous sommes en 1732), bat pavillon vers les cotes africaines, bien décidée à reconquérir Oran, débarque à Aïn-el-Turck, livre un combat sans merci, le drapeau espagnol flotte désormais sur la ville.
Cette fois les nouveaux « conquistadors » n’ont pas l’intention de se laisser déloger et vont faire de la ville d’Oran la cité la plus et la mieux fortifiée de la Méditerranée.
Ils vont renforcer les fortifications militaires qu’ils avaient déjà édifiées, mais vont surtout construire les forts d’Oran, dotant ainsi la ville d’un système défensif redoutable.
Bien que la plupart de ces édifications aient aujourd’hui disparu, ou soient dans un état de délabrement tel qu’on ne puisse plus les considérer comme appartenant au patrimoine des forts d’Oran. je les citerai quand mêmee, eu égard au rôle qui fût le leur à leur époque de gloire.
L’armée française les a presque tous occupés, et, au lendemain de l’indépendance, ces édifices symbolisant l’occupation militaire coloniale ont été squattés, saccagés, détruits et laissés dans un abandon total jusqu’à la ruine.
La plupart de la trentaine de forts d’ Oran, squattés par des familles entières, occupés ou rasés par l’armée, ces vestiges historiques, garants de l’Histoire oranaise sont dans un état de ruines avancé.

Par ordre d’ancienneté :
- la vieille Casbah (903), reconstruite en 1509.
- le Château Neuf (1331)
- Fort Lamoune (1509)
- Fort Sainte Thérèse (1557)
- Fort Saint Philippe (1563)
- Fort Saint Grégoire (1589)
- Fort Saint André (1693)
- Fort de Santa-Cruz (de 1698 à 1708)
- Fort Sainte Barbe (1739)
- Fort de Santiago
- Fort San Pedro

Historique de ces forts :

Le fort San Teresa (ou Sainte Thérèse) : Situé au nord-est du Château Neuf, il aurait été bâti en 1557-58 par le compte d’Alcaudete, mais sera reconstruit en 1737-38 par Don Jose de Vallejo. C’est dans ce fort que Othman Ben Mohammed, 27ème bey et fils de Mohammed el Kebir, déposait ses richesses, mais pour échapper à la mort il prit un jour la fuite par la mer. Il deviendra plus tard bey de Constantine.

La batterie du Petit Maure (el morillo) ou de Santa Anna : Placée au dessous de la promenade du Château Neuf et armée de quelques pièces de canon pour défendre la côte. Elle aurait été élevée sous Don Jose Vallego en 1740-41.

Le Château Neuf : Les trois grosses tours reliées entre elles que l'on voit encore dans la partie ouest du Château-Neuf, constituaient, avant l'expédition de Ximénès, le seul ouvrage commandant Oran, sur la rive droite de l'oued-Rhi. On a attribué leurs fondations aux Vénitiens, qui, venant trafiquer avec les États barbaresques, avaient besoin de sauvegarder leurs intérêts comme leurs personnes, dans les nombreuses révolutions qui agitaient le Maghreb au moyen âge.
D'autres historiens prétendent que ces tours furent construites par une commanderie maltaise de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, autorisée à s'établir sur ce point de la côte, ce qui paraît peu probable.
Un ouvrage arabe, intitulé l'Halfaouïa,dit enfin qu'elles furent élevées en même temps que le Bordj-el-Mersa ou Mers-el-Kebir, par le sultan mérinite Aboul-Hassen, qui régnait de 1331 à 1339. Toujours est-il que l'ensemble de ces travaux était connu sous le nom de Bordj-el-Mehal, le fort des Cigognes, et Bordj-el-Ahmar, le fort Rouge, dont les Espagnols firent Rosas-Casas, les maisons rouges devenues Rosalcazar, Rosalcaper, etc.
Le premier gouverneur espagnol établit son quartier à Bordj-el-Ahmar ; d'autres travaux d'agrandissement, commencés en 1563, après la retraite du pacha Hassen-ben-Kheir-ed-Din, furent continués jusqu'en 1701 ; cette dernière date est consacrée par une inscription surmontée de l'écusson royal d'Espagne, portant les noms de Philippe V et du marquis de Casasola ; cette inscription est placée sur la face droite du demi-bastion de gauche, dans le front qui longe le ravin.
Bordj-el-Ahmar était devenu par ces travaux le Château-Neuf ; sa prise par les Turcs en Chouâl (1708) suivait de près celle d'Oran, et les cinq cents hommes qui le défendaient étaient faits esclaves.
Une inscription placée sur la porte d'entrée du Château-Neuf rappelle que, "sous le règne de Charles III et sous le commandement de don Juan Martin Zermeno, on fit cette porte, on construisit les voûtes pour le logement de la garnison, et l'on réédifia le château en ce qui concerne la partie qui regarde la mer."
Une deuxième inscription en arabe, placée au-dessus de la précédente, donne l'année de la reddition d'Oran par les Espagnols en 1791, sous le pachalik d'Hassen, reddition obtenue par le bey Mohammed-ben-Othman, plus connu sous le nom de Mohammed-el-Kebir.
Le Château-Neuf devint la résidence des beys d'Oran. La partie qu'ils occupaient était une délicieuse demeure, moins fantastique que celle d'Ahmed, bey de Constantine, mais plus confortable. Le pavillon destiné au harem était un séjour aérien, situé au point culminant du château et d'où l'on jouissait d'une vue ravissante. Le bey, du haut de ce joli kiosque, plongeait son regard dans toutes les maisons placées sous ses pieds et étendait ainsi sur la ville son invisible surveillance. Un jardin de roses et de jasmins séparait ce pavillon du corps du palais, dans l'intérieur duquel étaient deux parties bien distinctes : l'une, l'habitation du bey, l'autre, palais proprement dit, où il trônait en souverain absolu. Une galerie couverte mettait l'une et l'autre partie en communication.
Le génie militaire a détruit toute la beauté de ce séjour ; mais en dépoétisant ce palais, destiné à un seul homme, il l'a par compensation transformé en une immense caserne où demeurent non seulement des troupes, mais presque tous les chefs des services militaires. Le général commandant la division occupe le logement des beys. Le général de Fitz-James et le colonel Lefol, du 21è régiment de ligne, reposent dans le bastion du Château-Neuf, qui porte le nom du colonel.

Le fort San Miguel qu'il ne faut pas confondre avec le fort du même nom, situé au-dessus de Mers-el-Kebir et ruiné par Hassen-ben-Kheir-ed-Din, commandait le ravin qui sépare Oran de Karguentah, à l'est du Château-Neuf,
Le fort San-Miguel, qu'on appelait encore Bordj-el-Francès, bâti en 1740, a été démoli par Mohammed-el-Kebir, en 1791.

Le réduit Sainte-Barbe placé à l'angle que fait le mur d'enceinte entre le Château-Neuf et le fort Saint-André, c'est-à-dire à 400 mètres de l'un et de l'autre, a été construit en 1734, sous le gouvernement de Don José Vallejo.
Il a probablement remplacé un autre ouvrage que nous voyons désigné sous le nom de Tour Gourde, sur le plan de 1707. Le réduit de Sainte-Barbe servait de prison préventive pour les indigènes.

Fort Saint André


Le fort Saint-André Bordj-ed-Djedid, le Fort-Neuf, Bordj-es-Sbahihia, le fort des Spahis, est situé à l'Est, entre le fort Saint-Philippe et le Château-Neuf. Il a été construit en 1693. Il figure sur le plan portant le millésime de 1707, placé entre le fort Saint-Philippe et la Tour Gourde, il domine le village d'Yffri ou Yfre, où demeuraient les Maures de paix, dont il était séparé par l'oued-Rhi :
son armement était alors de 36 canons, tandis que le ChâteauNeuf n'en avait que 30, le fort Saint-Philippe 6, le fort de Santa-Cruz 15, et le fort Saint-Grégoire 8 .
Cet armement n'étonnera pas quand on saura que le fort Saint-André commandait tous les abords d'Oran à l'Est. Il n'a donc point été bâti en 1733 par le duc de Cansano, successeur du comte de Montemar, mais tout au plus restauré, un an après la reprise d'Oran par les Espagnols.
Une explosion de poudre fit sauter le fort Saint-André le 4 mai 1769 ; trois compagnies du régiment de Zamora y périrent.
Le fort Saint-André a été remis en état de défense après 1831, pendant le commandement du général Boyer.
Actuellement en très mauvais état de préservation.

Le fortin ou lunette Saint-Louis à droite de la route de Tlemcen, et à 200 mètres du fort Saint-André, a été construit en 1736, sous le règne de Philippe V, par Don José Vallejo, ainsi que le constate la longue inscription latine que l'on peut lire sur la porte d'entrée de cet ouvrage.
En ruines aujourd’hui

Le fort Saint-Philippe ou fort des Beni-Zeroual, situé au sud-ouest d'Oran, au-dessus du ravin de Ras-el-Aïn, a été construit sur l'emplacement du château des Saints (, Castillo de los Santos ; élevé par le marquis de Comarès, après la prise d'Oran, sur un des points culminants des mamelons ravinés qui entourent Oran, et dont la prise par Hassen-Corse, en l556 (963 hég.), et la destruction par Hassen-ben-Kheir-ed-Din, en 1563 (970 hég.), avaient démontré la nécessité d'un ouvrage moins exigu ou moins vulnérable. La prise d'Oran en 1708 dut entraîner celle du fort Saint-Philippe. Bou-Chelar'em, chassé d'Oran en 1732, revint à la fin de cette année pour reprendre la capitale de son beylik ; son attaque se porta principalement sur Saint-Philippe, mais il dut se retirer devant le courage des défenseurs. Les assauts de Mohammed-el-Kebir, repoussés en 1791 par les gardes wallones au fort Saint-Philippe, ont rendu célèbre le nom du chevalier de Torcy. A l'attaque du 18 septembre 1791, le contingent des Beni-Zaroual du Dahra, fut presque anéanti dans une lutte entre le bey de Maskara et les Espagnols, et c'est depuis ce combat que le fort de Saint Philippe ou Ras-e1-Aïn reçut le nom de Bordj-Beni-Zeroual, qu'il conserve encore chez les indigènes. " (L. Fey.) Le chevalier de Torcy est décédé le 6 juillet 1852, à l'âge de 82 ans. Le fort Saint-Philippe, démantelé par ordre du pacha d'Alger, après la capitulation d'Oran, a été réparé depuis notre occupation. Les ruines du fort que l'on trouve en avant de Saint-Philippe, sont celles de San-Fernando ou Bordj-Bou-Benika, nommé également Bordj Ras-el-Aïn. Il avait été construit par le comte d'Alcaudète, de 1557 à 1558, après l'expédition d'Hassen-Corse, et fut détruit lors de la prise d'Oran, en 1708.
Rasé par l’armée algérienne au début des années 70, il a été remplacé par une coopérative militaire.

La vieille Kasba ( 903 ? reconstruite en 1509 ) (El Castillo Viejo), où seront installés le conseil de guerre, la prison militaire et une caserne, domine du sud au sud-ouest le quartier de la Blanca et la Marine.
Aucune inscription, aucun vestige d'architecture remontant à une époque reculée, ne peuvent faire assigner une date certaine à la fondation primitive de cette forteresse. On affirmerait presque, cependant, qu'elle a été construite en même temps que la ville de Mohammed-ben-Abi-Aoun et de Mohammed-ben-Abdoun. Oran devait, en effet, comme toutes les autres villes du Maghreb, être protégée par des travaux de défense dont la Kasba était le couronnement.
Voici par ordre chronologique tous les faits relatifs à la Kasba.
Quand Oran fut prise par les troupes de Ximénès, en 1509, le gouverneur, retiré dans la Kasba, dont il ne pouvait plus longtemps prolonger la défense, remit les clefs de cette citadelle au cardinal en personne.
Quelques temps après, la Kasba était complétement rasée pour être réédifiée.
Il fut un instant question, à la suite des attaques d'Oran par Hassen-Kaïd, en 1556, et Hassen-Pacha ben-Kheir-ed-Din, en 1563, d'abandonner cette ville c'était, du moins l'avis de la commission envoyée d'Espagne à Oran. Philippe II, roi d’Espagne, en ayant décidé autrement, on augmenta les travaux de fortification et ceux de la Kasba prirent un grand développement. Il paraît même que ce fut avec une économie dont le secret est perdu aujourd'hui. L'inscription suivante placée à l'entrée est de la Kasba en fait foi :
"EN EL ANO DE 1589 SIN COSTAR A SU MAGESTAD MAS QUE EL VALOR DE LAS MADERAS HIZO ESTA OBRA DON PEDRO DE PADILLA SU CAPITAN GENERAL I JUSTICIA MAYOR DE ESTAS PLAZAS POR SU DILIGENCIA I BUENOS MEDIOS"
"L'an du Seigneur 1589, don Pedro de Padilla, capitaine général et grand justicier de ces places, fit construire cet édifice sans autres frais pour Sa Majesté que la valeur des bois."
Un des bastions nord de la Kasba regardant la ville, le bastion des artilleurs, (baluarte de los artilleros), aujourd'hui démantelé, porte engagée dans sa maçonnerie une longue inscription tronquée par les balles turques et sur laquelle on lit le nom de Charles II et celui de Requesens, baron de Castel-Viros, gouverneur d'Oran de 1665 à 1682, qui fit construire les remparts de la Kasba, du côté de la ville.
A la prise d'Oran en 1708 par Moustafa-ben-Yussef, plus connu sous le nom de Bou-Chelaghem, le gouverneur de la Kasba se rendit à la condition que la garnison (560 hommes) aurait la vie sauve.
Bou-Chelaghem habita la Kasba pendant 24 ans, c'est-à-dire jusqu'en 1732. Trois inscriptions, placées dans trois cours différentes, mentionnent les travaux qu'il fit exécuter pour la construction de deux bains et d'un magasin. La Kasba se divisait alors en deux parties bien distinctes : le palais proprement dit, demeure des gouverneurs espagnols, habité également par Bou-Chelaghem, situé dans la partie haute et comprenant des hôtels, une chapelle, une ménagerie; la partie inférieure renfermait le casernement militaire et civil, l'arsenal et la poudrière ; la partie centrale, dont le local est affecté au conseil de guerre, était occupée par les femmes du bey.
Bou-Chelaghem dut abandonner Oran et la Kasba, où il avait vécu si tranquille et si heureux, devant les troupes du comte-duc de Montemar, en 1732.
Dans la nuit du 8 au 9 octobre 1790, la haute Kasba, ébranlée par le tremblement de terre, croula de toutes parts, effondrant de ses débris une partie de la ville. Mohammed-el-Kébir accourut alors de Mascara pour prendre Oran et tenta vainement de s'emparer de la Kasba. Ce n'était qu'à la suite de négociations qu'il entrait plus tard dans la ville et dans les forts.
Après 1831, la vieille Kasba a servi de caserne à une partie des troupes de l’armée française, mais le palais des gouverneurs espagnols et de Bou-Chelaghem n'a pas été relevé.
La Kasba communiquait avec la ville au moyen de deux portes dont l'une correspond à l'ancienne voirie et l'autre à une rue carrossable ouverte par le génie.
On voyait au sud-ouest de la Kasba, les ruines d'une redoute connue sous le nom de la Campana (la Cloche) et au nord-ouest. en montant vers Santa-Cruz, d'autres ruines appartenant également à une redoute et lunette, qui, avec la précédente et les autres beaucoup plus rapprochées : de la barrera (la barrière), de Saint-Pierre, de Santa-Isabel, de la Guardia de los leones (la garde des lions,cette dernière probablement située près de l'ancienne ménagerie du palais), complétaient le système de défense de la Kasba.
Fort de Santa Cruz

Le fort de Santa-Cruz couronnant le sommet du pic d'Aidour, à 400 mètres au-dessus de la mer, et auquel on arrive en sortant d'Oran par la porte d'El-Santo, a pris le nom du gouverneur Don Alvarès de Bazan y Sylva, marquis de Santa-Cruz, qui le fit construire de 1698 à 1708.
Les indigènes l'appellent Bord-ed-djebel, le fort de la montagne, ou bien encore Bord-el-Mourdjadjo, du nom de cette montagne. Cette jolie photo m'a été offerte par Amine d'Oran



Attaqué en 1732 par Bou-Chelaghem, qui en fit sauter une partie au moyen de la mine, le fort Santa-Cruz tint bon, et Bou-Chelaghem dut renoncer à ses projets de reprendre Oran, et battre en retraite sur Mostaganem.

Fort de Santa Cruz



Rasé en 1735, à l'exception du ravelin ou demi-lune que l'on voit encore aujourd'hui, le fort fut complétement reconstruit, et terminé en 1738, sous José Avallejo.
Mohammed-el-Kebir le fit miner sans résultat en 1790, et n'en devint maître que par la reddition d'Oran. Il le fit démanteler par ordre du pacha d'Alger, qui redoutait la puissance de son lieutenant. Santa Cruz a été restauré ou reconstruit de 1856 à 1860.

« Le fort Sainte-Croix », dit M. F. Mornand, est juché à l'ouest de la ville, sur un pic, ou plutôt sur une aiguille de pierre, une gigantesque stalagmite, du haut de laquelle l'oeil, embrassant une immense étendue de mer, découvre, quand le temps est beau, jusqu'à la côte de Cartagène. Ce fort est considéré, non sans quelque raison, comme imprenable. Non-seulement il serait impossible de s'en emparer par escalade, mais on se demande comment des créatures humaines, présidarios ou autres, ont pu, sans ailes, hisser jusqu'à ce nid d'aigle les matériaux nécessaires pour la construction d'un fort. Cette oeuvre aérienne tient vraiment du prodige... ».
Les Arabes disent que, lorsqu'il fut question de commencer les travaux, on ne savait comment faire arriver à une si grande hauteur l'eau nécessaire à la préparation du mortier. Les moyens de transport faisaient défaut, lorsqu'un chef des Hamian offrit aux Espagnols toutes les outres de sa tribu, et ce fut dans ces outres que l'on transporta l'eau à dos d'hommes.
Une petite chapelle située à quelques mètres au-dessous du fort de Santa-Cruz a été élevée en 1849, lors de l’épidémie de choléra qui s’abattit sur la ville.
On sait ce qu’est devenue cette petite chapelle : spendide basilique qui, encore aujourd’hui, domine la ville de tout son éclat. Fort de Santa Cruz


Quant au Fort de Santa-cruz, abandonné par l’Armée en 1993, des hommes et des femmes de bonne volonté (l’Association Bel Horizon pour la défense et la sauvegarde du patrimoine d’Oran) ne ménagent pas leur peine ni leur temps pour le restaurer. (voir rubrique « Dis, c’était comment Oran ? »)
Avant mon départ d’Oran, en 1960-61, j’ai souvenance d’avoir visité la « garçonnière » que Henri Fouques-Duparc, maire de la ville, avait fait aménager dans le fort de Santa-Cruz. J’avais été émerveillé par le ton des « azulejos », carrelages qui plaquaient la salle de bains et qui, parait-il, provenaient de la Mosquée de Tlemcen…(c’était peut-être son Fort de Brégançon !!!)

Le fort St-Grégoire que les Arabes appellent Bordj-Hassen-ben-Zahoua, a été construit en forme d'étoile irrégulière avec les matériaux et sur l'emplacement d'un château au sommet duquel, au dire de l'historien Gomez, on voyait briller pendant la nuit un feu qui rappelait le phare des Grecs.
Saint-Grégoire complétait ainsi avec la Moune la défense d'Oran du côté de l'ouest et gardait en même temps le chemin de Mers-el-Kebir, qui, à cette époque, passait à mi-côte du Mourdjadjo. L'inscription suivante, recueillie avec beaucoup d'autres par M. L. Fey, nous donne la date de la construction du fort Saint-Grégoire :
"L'an 1589, le roi don Philippe II régnant dans les Espagnes, don Pedro de Padilla, son capitaine général, fit achever ce château."
A la prise d'Oran en 1708, le fort Saint-Grégoire fut attaqué par Hassen, khalifa du pacha Mohammed-Baktache, commandant les Turcs avec Bou-Chelaghem. Ce ne fut qu'après un siége de 37 jours, et après avoir été minée trois fois, que la forteresse fut enlevée d'assaut. Son héroïque garnison fut massacrée presque entièrement.
Le fort Saint-Grégoire fut occupé par le général de Damrémont le 16 décembre 1830 ; il a été réparé en 1845. Il servit de prison militaire.

Fort Lamoune


Le fort de la Moune (de la Guenon, Castilla de la Mona) est ainsi appelé à cause des colonies de singes qui en auraient occupé les environs, surtout au sommet du Djebel-Mourdjadjo; il est connu également sous le nom de Bordj-el-Ihoudi, le fort du juif, que lui ont donné les indigènes, pour éterniser la trahison d'un juif nommé Ben-Zouaoua, et d'après Marmol Cetorra, qui, d'accord avec Don Diego de Cordova, aurait facilité la prise d'Oran par les Espagnols, en introduisant nuitamment une partie des troupes dans ses magasins situés près d'une des portes de la ville, sur le bord de la mer.
Le fort de la Moune, à cheval entre la mer et la route d'Oran à Mers-el-Kebir,sur la corniche oranaise et sur l'emplacement même des magasins de Ben Zouaoua, a dû être bâti par Don Diego de Cordova, bien que le seul monument épigraphique qu'on y lisait portât la date de 1563, l'année peut-être de travaux de réédification.
Fort Lamoune

Le fort de la Moune fut emporté d'assaut et sa garnison passée au fil de l'épée par les Turcs de Bou-Chelaghem en 1708.
Le comte de Montemar le fit restaurer en 1732. Fort Lamoune


Il aurait été tranformé en cabaret à l’époque de Frik Bachir, ancien wali (préfet) d'Oran (condamné à 8 ans de prison le 26 avril 2005 pour dilapidation de deniers publics et complicité) et aurait été surnommé « Fort l’Amour »… Heureusement l’armée l’aurait récupéré et il serait le siège de la Gendarmerie Nationale.






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